Nous arrivons à la dernière partie de notre voyage… Commençons par Udaipur dans la région du Rajasthan, pays des palaces et des maharajas. Cette ville de 400 000 habitants, installée sur les rives du lac Pichola et encadrée par les falaises des monts Aravalli, dégage une atmosphère typique et un brin romantique quand on exclut les sollicitations des marchands et les klaxons.
Notre hôtel (www.hoteldevrajniwasudaipur.com) dispose d’un resto correct sur le toit avec une vue imprenable sur le lac.
Le premier soir nous tombons sur une grande cérémonie populaire où les femmes se recueillent longuement devant des figurines avant d’entreprendre un cortège festif dans les rues de la ville. Le city palace, plus vaste palais de la région, est quant à lui assez décevant et relativement cher (7€ par touriste contre quelques centimes pour les indiens… normal!).
Remarquez aussi les tenues vestimentaires colorées, et le port assez fréquent d’un voile sur le visage des femmes typique du Rajasthan. A ce qu’il paraît cette tradition proviendrait des invasions par les arabes il y a fort longtemps mais aujourd’hui cela permet aux femmes de se prémunir des attouchements.
Je rappelle que l’Inde est une société organisée en castes… L’avenir d’un individu dépendra donc de sa famille et seuls les mérites acquis lors de cette vie lui permettront d’espérer une meilleure vie via la réincarnation. Dans l’ordre d’importance on citera les brahmanes (prêtres et érudits), les kshatriya (guerriers), les vaishya (marchands), les shudra (serviteurs), et enfin les dalit (intouchables).
Enfin une autre caractéristique de cette société est son côté extrêmement machiste. Par exemple, cela fait 10 jours seulement que les premiers chauffeurs de bus de sexe féminin apparaissent. Ou encore toutes ces histoires horribles où, face à la dot importante que la famille doit fournir pour marier sa fille (machine à laver, ordinateur, voiture, etc.), il est fréquent dans les campagnes d’avorter (pratique pourtant officiellement interdite) ou d’abandonner le nourrisson à une mort certaine… En octobre 2006, le Parlement indien a adopté une loi historique accordant des droits et une protection aux femmes battues… Les pratiques évoluent petit à petit mais du chemin reste à faire pour l’égalité des sexes !
Et n’oublions pas le travail des enfants, très présent dans ce pays comme dans la plupart des pays d’Asie du Sud…
Quelques photos de Udaipur…
Nous quittons Udaipur pour Jodhpur. Pour une fois en Inde le trajet se fera de jour (10h de bus). Mention spéciale pour notre hôtel qui dispose de chambres économiques et d’un bon resto sur le toit (www.hotelhaveli.net / havelijodhpur@gmail.com). La cité bleue de Jodhpur, avec ses ruelles médiévales, est surplombée par la citadelle de Mehrangarh datant du XVème siècle. Nous sommes impressionnés par cette forteresse érigée à la verticale d’un piton rocheux. Entouré de remparts mesurant entre 6 et 36 mètres de hauteur, le fort fut directement taillé dans la roche. La porte principale est recouverte de pics métalliques censés repousser les invasions à dos d’éléphants. Un audioguide compris avec le billet d’entrée permet d’apprécier pleinement ce bijou architectural et les légendes qui lui sont associées. La vue sur la ville depuis le sommet des remparts est hallucinante. 900 000 habitants se concentrent dans un méli-mélo de cubes bleus, le tout délimité par les 10 km de remparts du XVIème siècle. Alors pourquoi cette couleur bleue sur les maisons ? Tout simplement parce que cette couleur permet de limiter la chaleur en journée et de repousser les moustiques à la tombée de la nuit !
Sur une autre colline, nous observons le Jaswanat Thada, sorte de petit palace tout en marbre blanc… Mignon mais pas vraiment intéressant en soi. Ceci dit, rien que pour déambuler dans la ville et visiter le fort, Jodhpur vaut vraiment le détour !!
Un bus de nuit et un camion-stop au petit matin, et nous voilà à Bundi, petit village paisible et loin des foules. Maisons de couleur bleue, vaches et cochons un peu partout… Après discussion avec d’autres voyageurs, on décide d’annuler notre séjour à Pushkar et de rester plus longtemps sur Bundi. Un fort laissé à l’abandon domine la cité et le lac. On goûtera au lassi au safran, spécialité locale. Nous tombons sur des festivités en l’honneur de Hanuman, le Dieu singe. On recommande l’hôtel Haveli Taragarh Palace (demandez Monti 07073323311) vraiment bien situé et à l’ambiance très décontractée. Nous apprenons quelques expressions utiles du genre « Shanti Shanti Baya » (relax frangin), « Sabkuch Milega » (tout est possible), « Atcha » (ok, bien) ou encore « Jématadi » (tchin tchin)… Enfin un endroit où l’on trouve des bières à des prix corrects face au fort éclairé à la nuit tombée. On y fera quelques rencontres sympas et atypiques. On se rend compte aussi à quel point les touristes israéliens sont présents dans le pays. Avec notre pote Eurch on ira même jouer au cricket – LE sport national – avec les enfants du village. Une virée en moto nous permettra d’aller voir de grandes cascades (Bhimlat Waterfall) dans une nature préservée à 35 km de là et même de s’y baigner.
Bundi aura été aussi l’occasion pour nous d’organiser nos transports à venir que ça soit des bus ou trains de nuit. D’ailleurs on remercie mister Kapil Jain pour son aide précieuse (Hacloti Tour & Travels en contrebas du fort / kapil.bundi@gmail.com / 09460358537). Sinon si vous ne souhaitez pas passer par une agence rien ne vous empêche d’aller sur www.yatra.com / www.erail.in / www.indianrail.gov.in afin d’avoir les horaires et tarifs, puis d’aller faire la queue dans les gares… Faisable mais fastidieux. Dans tous les cas, toujours demander à être en upper (hauteur) sinon vos nuits seront très très courtes…
Agra est la ville du Taj Mahal, lieu incontournable au même titre que la tour Eiffel en France… Classé à l’UNESCO depuis 1983, sa construction (essentiellement en marbre blanc avec une multitude de pierres semi-précieuses incrustées) fut assurée par près de 20 000 ouvriers et artisans venus du monde entier. Et effectivement il faut bien reconnaître que cet édifice a de la gueule malgré les touristes qui, comme nous, essayent de prendre LA photo.
Pour la petite histoire, le Taj Mahal fut édifié par Shah Jahan pour recevoir le corps de sa 3ème épouse, Mumtaz Mahal, morte en mettant au monde leur 14ème enfant en 1631. Par la suite, Shah Jahan fut renversé par son fils et emprisonné au fort d’Agra, d’où il ne put qu’apercevoir sa création à travers une fenêtre. A sa mort en 1666, il fut inhumé aux côtés de sa femme. N’est-ce pas romantique ?!
La mosquée de grès rouge, à l’ouest du Taj Mahal, est un important lieu de culte pour les musulmans d’Agra. Afin de respecter la symétrie parfaite du lieu, une seconde mosquée identique sera construire à l’Est.
Après la visite du Taj Mahal, nous allons jeter un œil à ce fameux fort en grès rouge… Visite intéressante aussi et plus paisible. Bâtiment militaire à l’origine avec des douves infestées de crocodiles, le fort fut transformé en palais par Shah Jahan, puis devint sa prison dorée jusqu’à sa mort (soit pendant 8 années). Aujourd’hui encore, une grande partie du fort est réservée à l’armée.
Nous quittons Agra direction Jaipur, capitale du Rajasthan avec ses 3,2 millions d’habitants. Ville bruyante, sale, un palais minable, des klaxons encore plus insupportables qu’ailleurs et des vendeurs insistants. Difficile pour nous d’apprécier cette étape ! Notons toutefois la présence du plus grand cinéma d’Inde, le Raj Mandir, qui propose 4 séances par jour dans une salle immense. Ici pas de souci on peut manger ses popcorn sans s’inquiéter du bruit… Les indiens n’hésitent pas à se lever, à parler tout fort et à commenter chaque scène ! Ce fut pour nous le seul moment agréable à Jaipur. A la limite pour ceux qui y passeraient quelques jours, il paraît que le fort Amber à quelques kilomètres de la ville vaut le détour.
Un bus de nuit inconfortable suivi d’un train et d’un tuk tuk collectif plus tard (soit 15 heures de bonheur!) et nous arrivons dans le Nord du pays, dans le village de Rishikesh. Quel plaisir de retrouver un environnement peu pollué, des montagnes verdoyantes, un Gange encore propre et des vendeurs plus agréables. Les singes ne sont jamais bien loin c’est marrant. Une super adresse économique (5€ la standard double), le « Mama Cottage », juste au-dessus du Bandhari Swiss Cottage. Ici, il est très dur de trouver une goutte d’alcool par contre on te propose de l’herbe partout c’est impressionnant (souvenir du passage des Beatles?). Le profil type des touristes est le baba cool qui est resté perché depuis 1968 ou encore de jeunes rastas au regard un peu allumé qui se réfugient dans le Yoga et dans la quête de la paix intérieure. Bref nous ça va on ne ressent pas le besoin de faire des contorsions au milieu de tout ce petit monde. On se contentera de louer une moto et de partir explorer les chemins autour dans la nature ! Même si nous ne sommes pas des hindouistes convaincus, on s’autorisera un plouf dans le Gange avec une offrande vendue par des gamins sur la « plage ». Et tant qu’à faire les choses bien, on boira une gorgée de cette eau miraculeuse afin de nous purifier tant extérieurement qu’intérieurement…
Après cette bulle d’oxygène, il est l’heure pour nous de repartir à l’aventure. Nous abandonnons l’idée de nous rapprocher de la frontière pakistanaise ou de la région du Cachemire tout au Nord à cause des tensions dans cette zone depuis la partition du pays en 1947 (frontières contestées, affrontements musulmans vs hindous)… Et puis nous avons quand même un timing à respecter pour choper notre avion 10 jours plus tard à Kolkata ! 30 heures de trajet (tuk tuk, bus local, train couchette, tuk tuk, 2 km à pied dans les ruelles surpeuplées avec nos sacs) et nous voilà arrivés à Varanasi. 1000 km parcourus et le tout pour moins de 10€ par tête. Facile non ?! Ici le Gange n’est plus bleu-vert comme à Rishikesh mais plutôt marron. Fini pour nous les ablutions lol. Nous logeons dans un endroit calme et bien situé au bord du fleuve avec un bon resto végétarien… Le « Alka Hotel » (www.hotelalkavns.com).
Alors que dire de Varanasi ? Déjà que c’est le bordel et qu’il y a encore plus de mendiants qu’ailleurs. Les tuk tuk essayent de t’entuber en permanence pour peu que tu veuilles sortir de la partie touristique de la ville qui longe le fleuve. Il s’agit d’une ville de 1,2 millions d’habitants. Le principal intérêt est de se balader le long des nombreux ghat (escaliers) qui bordent le Gange et d’assister aux cérémonies qui ont lieu tous les soirs vers 18h30. Il s’agit pour les hindous de fêter la vie autant que la mort. Sympa mais fatiguant car il faut sans cesse décliner les propositions des bateliers et la mendicité omniprésente. Les après-midi, avec plus de 40°C à l’ombre, il était juste impossible quitter l’hôtel… A noter de nombreuses et minuscules ruelles piétonnes avec une succession d’échoppes plus ou moins répétitives mais encore une fois il ne faut pas être ochlophobe !
Et voilà un dernier train de nuit express (15 heures avec un ventilo en panne!) et nous arrivons à notre toute dernière étape… Kolkata (Calcutta). Pour loger on vous conseille les guesthouses dans sudder street et le super resto « blue sky cafe » dans la même rue ! Ici la misère se retrouve partout, il n’y a pas de bidonvilles à proprement parler comme à Mumbai. Les inégalités sont flagrantes. On y retrouve quelques bâtiments de l’époque coloniale anglaise complètement décrépis, des taxis jaunes Ambassador… Les klaxons sont insupportables, les trottoirs sont squattés par les mendiants et les boutiques éphémères… Kolkata est le dernier bastion des tana rickshaw, tirés à bras d’homme. Ceux-ci constituent la caste la plus basse (les dalit) et gagnent dans les 50 à 70€ par mois pour nourrir toute la famille parfois… Un stade énorme, d’une capacité de 90 000 personnes, n’est rien de moins que le second plus grand stade de cricket au monde. Une ligne de métro allant du nord au sud fonctionne déjà. Mais ce sont les bus et trams qui restent les plus pratiques pour se déplacer pour peu que l’on comprenne l’alphabet vermicelle… Ici cohabitent les hindouistes, les musulmans et les catholiques même si on observe des quartiers communautaires. Kolkata aura été pour nous l’occasion de faire un peu de shopping (histoire de ne pas passer pour des clodos en arrivant en France) et de passer une journée avec un ado qui nous suivra partout moyennant un repas chaud…
Enfin c’est ici qu’a vécu Mère Teresa, catholique d’origine albanaise, pendant 40 ans et jusqu’à sa mort en 1997. Elle a reçu le prix Nobel de la paix en 1979. Sa tombe et sa cellule constituent un lieu de pèlerinage. Outre le fait de s’être distinguée par sa volonté de vivre directement au contact avec les plus pauvres, elle a été à l’origine des Missionnaires de la Charité. Cette congrégation religieuse a pris de l’ampleur puisque à la mort de Mère Teresa, les Missionnaires de la Charité s’occupaient de 610 missions dans 123 pays, incluant des soupes populaires, des orphelinats, des écoles, des hospices…
Enfin, ce blog sera l’occasion de rendre hommage aux nombreux morts et sinistrés suite au séisme au Népal. Et à leurs familles bien sûr ! Le bilan actuel provisoire après 4 jours est de 5000 morts, 10000 blessés et des millions de personnes en attente d’aide humanitaire… Ici à Kolkata, nous avons eu droit à quelques alertes du genre « tout le monde dehors » mais nous avons été épargnés. Les choses auraient pu se passer tout autrement il s’en ait fallu de peu. Encore une fois cela prouve bien qu’à défaut de ne pouvoir contrôler notre destin, il faut s’évertuer à profiter un maximum de l’instant présent…
Merci à tous ceux qui ont suivi nos aventures tout au long de ces 20 mois en Asie du Sud. Nos 9 semaines en Inde nous auront laissé une impression très mitigée de par les distances énormes nécessaires pour rallier des étapes pas forcément toujours extraordinaires au regard de tout ce que l’on connaissait déjà. Il a été aussi plus difficile qu’ailleurs d’établir un semblant de relation autre que mercantile avec les locaux mais bon cela reste aléatoire alors… Et ne parlons même pas du WIFI et de la 3G particulièrement lents et instables ! Enfin il y a eu des moments bien sympas dans le lot et niveau bouffe c’est le top pour les végétariens. Nous rentrons ce soir pour la France afin de retrouver nos familles et amis, et accessoirement un boulot ! N’hésitez pas à vous connecter sur ce blog vers le 10 juin pour un dernier article du genre bilan à froid / very best of de l’ensemble de notre périple…