D'ici et la bas

Thaïlande… De l’Est à Bangkok

Bye bye le Laos et welcome back la Thaïlande ! Nous prenons un bus matinal permettant de passer la frontière et d’aller directement jusqu’à la ville de Khon Kaen. Les températures deviennent tellement élevées que nous adopterons une sieste quasiment tous les après-midi.

L’Isan est peu connue par le tourisme mais recèle pourtant de véritables trésors archéologiques, une culture particulière, des habitants pas encore blasés du tourisme, de grands parcs nationaux pour le trek…

Commençons donc à Khon Kaen, 4ème ville du pays avec ses 150 000 habitants. Nous trouvons une chambre convenable pour 300 baht (7€) mais avec lits super durs, quelques cafards et pas de clim. Je ne vous raconte pas le nombre de litres de sueur qu’on y a perdu! Cette ville, renommée pour son agriculture et son artisanat textile, n’a pas de charme particulier mais dispose d’un musée très intéressant ainsi que d’un night bazar qui vaut à lui seul le détour !

Le musée se décompose en plusieurs parties : paléontologie et préhistoire, périodes Dvaravati et Khmère, l’histoire de la ville et enfin une dernière partie sur la culture et les traditions de l’Isan.

Thierry retrouve avec bonheur les grands magasins qui font cruellement défaut au Laos !

Après 3 jours passés en ville, nous reprenons le bus direction le village de Phimai, à 60 km au Nord de Nakhon Ratchasima. Nous y resterons 2 nuits afin de visiter son célèbre temple, le Prasat Hin Phimai, qui est juste magnifique !! Nous nous y promènerons quasiment seuls. Construit au XIIème siècle suivant le principe hindouiste du mandala (centre cosmique de l’Univers), ce temple est orienté Nord-Ouest / Sud-Est, dans l’axe d’Angkor Vat au Cambodge. Un joyau de l’architecture typique de l’apogée de la civilisation Khmère et qui aurait servi de modèle à l’élaboration des célèbres temples d’Angkor. Abandonné au XIIIème, ce temple tomba en ruine rapidement et sa rénovation récente pris de nombreuses années.

Nous profiterons de la fin de journée pour faire un petit tour de vélo en direction du célèbre banian géant (Ficus religiosa) au Nord de la ville. Nous longeons avec plaisir un chemin faisant le tour du lac où des centaines de thaïlandais s’adonnent à leur footing et stretching hebdomadaires. Arrivés sur le site avec son banian référencé dans le livre des records, nous constatons effectivement que toute la micro-île devant nous est en fait un seul et même arbre avec de nombreuses ramifications. Il y a 350 ans, une plante parasite étouffa un arbre-tuteur, projeta des racines aériennes qui, rejoignant le sol, formèrent les premiers troncs. Maintenant, cet arbre représente une forêt à lui tout seul ! Etant un arbre sacré (Bouddha aurait reçu l’illumination sous un banian), ceci explique pourquoi personne n’a eu l’idée d’y toucher en 350 ans.

Nous reprenons le bus à nouveau pour 6 bonnes heures en direction de Surin. Nous sommes à 450 km à l’Est de Bangkok. Cette cité de 40 000 habitants est très connue pour sa fête annuelle des éléphants. A chaque 3ème semaine de novembre, pas moins de 200 pachydermes déambulent dans les rues de la ville, exécutant parades, exercices de force… De célèbres images me viennent en tête aussi avec des éléphants s’arrêtant aux feux rouges au milieu des tuk-tuk…

Malheureusement, nous raterons cette fête mais décidons de rattraper le coup en allant au village de Ta Klang, à 60 km au Nord. Là-bas, tous les jours, des spectacles sont donnés et on a du mal à imaginer combien de temps les cornacs ont dû mettre pour enseigner à ces gros animaux tous ces tours ! Au programme en 1 heure : partie de football, de fléchettes et de basket, peinture sur toile, positions du Bouddha, massage fessier des téméraires qui veulent bien s’allonger au sol… pour le bonheur des petits et grands ! Même les éléphants semblent apprécier surtout quand les spectateurs leur donnent des friandises comme de la canne à sucre ou des bananes. Et certains donnent aussi de l’argent que l’éléphant n’engloutira pas mais passera directement avec sa trompe au cornac sur son dos… Bref pour 100 baht (2,30€) on apprécie le spectacle ! On s’est même laissé tenter comme les gosses par des sortes de glaces bourrées de sirop de fraise, de lait concentré sucré et de trucs gélatineux multicolores au fond genre bonbons haribo… Miam !! Puis nous reprenons notre scooter pour revenir en ville sous 40°C et faire une sieste bien méritée… Nous profiterons de la route pour remarquer à quel point les paysages qui nous entourent dans cette région sont secs ! Un petit air de savane africaine flotte autour de Surin…

Une autre journée en scooter nous permet d’aller voir des temples khmers magnifiques à savoir celui de Muang Tham et celui de Phanom Rung. Seul hic, la distance à parcourir est de 170 km aller-retour de quoi s’offrir le luxe d’avoir l’impression d’avoir un second trou de balle en fin de journée ! Nous faisons quelques haltes rapides en bord de route, nous achetons du riz gluant conditionné dans des bambous pour reprendre des forces, nous nous perdons parfois et demandons notre chemin tant bien que mal, nous manquons de nous faire heurter par quelques voitures en mode bolides… Mais quelle belle journée au final ! Les temples sont en grès rose tandis qu’à leur centre (partie la plus sacrée) c’est du grès blanc que l’on retrouve, ce qui leur confère un certain éclat au soleil. Bon les photos ne rendent pas bien compte de cet éclat si particulier mais une chose est sûre ça vaut le coup d’œil !

De retour à Surin, nous visiterons la ville et son marché de nuit sans grands intérêts. A part la piscine de l’hôtel Majestic dont nous avons accès gratuitement malgré le fait que nous ne soyons pas client… Premier bain de soleil depuis les Philippines 2 mois auparavant et la fin de notre bronzage agricole ?! Quelques noodle soup sur le trottoir nous permettront de bien manger pour moins de 1€ chacun. J’apprends à ce moment là que ma cousine, Laure, vient de mettre au monde un petit bonhomme prénommé Titouanh… Félicitations encore cousine !!!

Après réflexion, entre les douleurs de sciatique de Thierry qui empirent et le fait que tous les jours les températures sont à la limite du supportable, nous décidons de laisser tomber les treks – camping dans les parcs nationaux, et nous partons pour des destinations plus cool et balnéaires. So let’s go to Ko Samet, le petit St Tropez des gens huppés de Bangkok en manque d’oxygène…Une île de seulement 7 km de long pour 2 km de large où il n’y a absolument rien à faire… Bon la route pour y aller c’était juste l’horreur !! 11 heures de bus de nuit depuis Surin (sans couchette évidemment), de la marche à pied au bord de grandes routes jusqu’à se faire prendre en stop avec tous nos sacs, un bus collectif local (Songthaew) et enfin 45min de bateau bondé de touristes et encore 2 bons kilomètres de marche en plein cagnard et les pieds dans le sable pour éviter de devoir payer au check-point les 200 baht par personne (5€) permettant d’accéder au « parc national ». Nous trouvons donc finalement, après presque 16h de route, un hôtel pas trop cher et près de la plage. Bon pas le grand confort non plus, douches et toilettes à la turque en commun, pas de clim, bar-boite de nuit juste à côté… mais voilà à nous les 3 jours de glandouille sur une plage de sable blanc. Beaucoup de touristes asiatiques, des vendeurs en permanence qui passent devant toi, des scooters des mers et banana-boats à gogo, mais nous y trouverons quand même notre bonheur. Et puis, il devenait urgent que Thierry arrête un peu de cavaler… Moi j’ai trompé mon ennuie en me gavant de pancakes banane-nutella bien gras et d’hamburgers gigantesques…

Nous reprenons le bateau et les bus collectifs pour Pattaya cette fois… A environ 2 heures à l’Ouest soit à mi-distance entre Ko Samet et Bangkok. A noter, nous trouvons le moyen d’embarquer sur un bateau qui emmène quotidiennement l’eau potable du continent sur l’île. Donc contrairement à l’aller, nous nous retrouvons avec plein de place pour nous tout seul !!

Pattaya, ancienne base américaine pendant la guerre du Vietnam entre 1955 et 1975, est mondialement connue comme étant LA capitale de la prostitution. Bon c’est vrai que c’est plutôt énorme car il s’agit de kilomètres de bars à filles et salons de massages plus ou moins louches… Même en ayant visités Angeles aux Philippines (ancienne base américaine aussi), force est de constater qu’à Pattaya c’est quand même vraiment impressionnant. Mais le pire reste néanmoins le fléau de la prostitution déguisée, où de jeunes (ou moins jeunes) femmes se mettent en couple avec un occidental moyennant se faire entretenir… Ici, encore plus qu’ailleurs, les gens ne se retournent pas sur le passage de ces couples atypiques. Déjà parce que culturellement il est très mal venu de juger quelqu’un sur les apparences, mais aussi parce que ces couples se retrouvent partout et n’hésitent pas à s’afficher main dans la main malgré parfois de très grands écarts d’âge et de poids !

Je ne compte plus les kilomètres de marche dans cette ville balnéaire animée. Heureusement, nous avons profité de massages de pieds à 2€ de l’heure, d’un milk-shake de ouf à Haagen Dazs (mélange macadamia – dulce de leche pour les connaisseurs), et aussi de la piscine gratos de l’hôtel d’en face… Tout comme à Surin, nous profitons d’être logés dans des annexes de grands hôtels, beaucoup moins chères, pour profiter des services qui vont bien !


Petit moment de détente en plein cœur de Pattaya en attendant que la température descende sous les 35°C… On est mieux là que sur un des nombreux chantiers à côté !!

Enfin, au bout de 3 jours, nous décidons de quitter Pattaya et de finir notre boucle Thaïlande – Laos entamée il y a plus de 2 mois. Par souci d’économie et aussi parce que notre hôtel à l’arrivée à la capitale est à 2 pas de la gare, nous prenons le train local. 2€ chacun porte à porte (tarif incluant la moto-taxi pour aller à la gare de Pattaya) qui dit mieux ? Bon par contre, on aura mis 4h30 au lieu de 2-3h en bus mais pas de changements ni métro à se cogner avec nos sacs. Nous traverserons ainsi de beaux paysages, feront de nombreuses escales dans des pseudo-gares paumées… En arrivant sur Bangkok, alias la cité des anges, nous sommes choqués par les milliers de pauvres qui s’entassent dans des habitations de fortune à 1 mètre des rails. On ne réalise pas vraiment à quel point la misère est présente dans la capitale avant cet instant. Les enfants jouent sur les rails et traversent au dernier moment, et les bidonvilles suivent le chemin de fer jusqu’au dernier kilomètre avant le terminus…

Nous arrivons enfin au Srikrung hotel, le même que celui de la dernière fois. A nouveau petite chambre propre au 6ème avec vue plongeante sur la ville pour 750 baht (17€ avec petit déj – un des hôtels les plus chers qu’on ait fait en 6 mois d’ailleurs).

Durant les 4 jours qui suivront, nous visitons à nouveau Chinatown avec ses ruelles étroites débordant de vie, le centre avec ses buildings et grands magasins (MBK, Siam Center), quelques temples, le musée national… Thierry a profité de notre passage ici pour aller voir un ostéopathe qui à priori n’a pas fait de miracles si ce n’est nous avoir allégé notre porte-monnaie. J’y fêterai aussi mes 30 ans (et nos 6 premiers mois de voyage!) avec du canard laqué de malade, une bouteille de vin (la première en 4 mois), des m&ms et kinder… Et le lendemain avec un buffet japonais à volonté au 7ème étage du MBK. Voilà pour mes 30 ans j’ai donc pris 2 kg en 48h.


Ah Chinatown et ses milliers de gargotes ambulantes… Parmi les spécialités, citons les ailerons de requin, la seafood, les nids d’oiseaux (bave d’hirondelles), les larves et insectes… Toutes les couleurs et tous les goûts sont au RV ici. Vous remarquerez que Thierry était au taquet mdr.

Un petit paragraphe sur le musée national, ancienne résidence du vice-roi, chargé de protéger le palais royal juste à côté en cas de conflit… Visite guidée et gratuite en français les mercredis et jeudis matin à 9h30. Super intéressant quand on nous explique un peu ce que l’on y voit. Notre visite à durée 2h30 avec une nana passionnée par l’histoire du pays et qui vit en Thaïlande depuis 5 ans. Je regrette juste de ne pas avoir sur moi mon calepin pour prendre quelques notes… Bref un musée énorme qui retrace bien l’histoire du pays, des différents royaumes qui ont vu le jour (Dvaravati, Sukhothai, les invasions Khmères récurrentes, Ayutthaya jusqu’à la naissance de Bangkok en 1782) et qui permet de comprendre aussi le développement du bouddhisme en complément de l’hindouisme et de l’animisme. Les statues, les poteries, les cortèges et urnes funéraires royales (en bois de santal car ne brûle pas) sont aussi à l’honneur… Nous y avons aussi appris que ce n’était pas la compassion ou un désir ardent d’aider son prochain qui permet aux bonzes d’avoir tous les matins au lever du soleil une tonne de dons mais surtout le fait que le bouddhisme considère que cela contribue à accumuler des mérites qui se retrouveront dans la prochaine vie. Ceci explique certainement pourquoi il est si fréquent de voir des mendiants ou estropiés dans la rue qui galèrent à obtenir une pièce alors que les temples et moines sont blindés d’offrandes…

Aujourd’hui, samedi 22 mars, et pour la première fois depuis longtemps, il pleut et l’orage gronde. Apparemment, ça fait plus de 4 mois qu’il n’y a pas eu une goutte d’eau. La saison des pluies commence officiellement le 13 avril mais au moins ça permettra de commencer à remplir les réserves d’eau pratiquement vides ainsi que de diluer un peu les eaux usées qui stagnent depuis trop longtemps dans les égouts…

Ce soir, à 22h, nous prendrons le dernier train pour rejoindre l’ancien aéroport de Bangkok (1 heure de train pour moins de 30 km!) avant de squatter le hall avec nos affaires toute la nuit. Hé oui car prendre des vols low cost comme Air Asia à ses inconvénients en l’occurrence un enregistrement des bagages à faire entre 3h et 4h du mat… Enfin, 4 mois en Indonésie, notre pays coup de cœur, vaut mille fois cette contrainte ! Prochain article vers le 12 avril.