D'ici et la bas

Après 3 semaines passées avec Antoine, nous continuons notre périple direction l’Est de Florès. Après 1 nuit assez spartiate à Larantuka, nous prenons un bateau pourri durant 4 heures afin de relier Lewoleba sur l’île de Lembata. D’ailleurs nous apprendrons une semaine plus tard qu’un bateau identique a coulé au même endroit, faisant 7 morts et quelques disparus… rassurant non?! Initialement, nous pensions visiter un village de chasseurs de baleines au harpon au Sud de cette île mais c’était sans compter sur le fait qu’il n’y avait qu’1 seul bateau par semaine pour relier Lembata à Alor et qu’il était le lendemain! Aussi, nous resterons tranquillement 24h dans la petite ville très peu touristique de Lewoleba… Juste le temps pour moi de me faire couper les cheveux à l’arrache pour 10 000 roupiah (0,80€) et de répondre à des centaines de « hello mister ».

Nous prenons le lendemain le grand ferry hebdomadaire. Let’s go pour 22 heures de trajet afin de relier l’île d’Alor. Inutile de préciser que la nuit a été assez courte et inconfortable. Nous étions des centaines plus ou moins installés à même le sol, 3 chiottes à la turque pour tous… 1 ojek (moto-taxi) et une pirogue à balancier plus tard, et nous débarquons enfin à la p’tite kepa, pension tenue par une famille française et assez réputée pour les amateurs de plongée. Les prix étaient raisonnables, la bouffe excellente (miam enfin du poisson frais et bien cuisiné!), l’ambiance sympa et détendue, et notre piaule était une hutte traditionnelle avec 2 hamacs en dessous et face à l’océan… Ici comme aux Togian (en Sulawesi), l’électricité provient de panneaux solaires et un seul transfo permet de recharger en journée l’ensemble des équipements électroniques. L’eau douce est amenée depuis l’île principale d’Alor et est donc en quantité limitée. Mais bon tant qu’il y a de la bière au frais à quoi bon l’eau douce?! http://www.la-petite-kepa.com/home-fr.html .

Nous décidons d’y passer 6 jours afin de nous reposer et de faire quelques virées de snorkeling et de plongée. Au final sur 4 plongées, j’ai expérimenté la plongée de nuit pour la première fois… plutôt impressionnant non pas pour les poissons mais surtout pour les sensations d’être en apesanteur sur une autre planète ; les seuls repaires que tu as étant ceux situés dans le mince faisceau de ta lampe-torche. Ici, peu de pélagique (il y a bien quelques baleines mais ce n’était pas la saison) et à part quelques dauphins et requins, nous avons surtout admiré les coraux et anémones en très bons états, une multitude de poissons colorés, et nous nous sommes initiés avec les copains à l’observation des nudibranches (bestioles de quelques centimètres)… D’ailleurs merci à Philippe pour m’avoir filé les photos qu’il a faites durant notre plongée! Tout comme à Komodo, nous observerons beaucoup de courants puissants et froids donc pas toujours évident pour gérer notre flottabilité mais bon en même temps c’est aussi pour ça qu’il y a plein de poissons ici alors on ne va pas s’en plaindre non plus!

Nous quittons la p’tite kepa reposés et prenons la pirogue pour rejoindre l’île principale de Alor juste en face. Nous logerons à Kalabahi 3 nuits, seule ville disposant de guesthouses avec ses 60 000 habitants. Etant majoritairement protestante, la population s’est réunie en masse le soir de Pâques pour applaudir les défilés et chars qui déambulaient dans la rue principale. Whaouuu grosse ambiance pour les gens du coin lol. Les 2 jours suivants seront consacrés à la visite de Alor en scooter. Plein de petits villages avec les traditionnels « hello mister », de nombreuses cultures de café, cacao, manioc, et maïs. L’occasion pour moi aussi de chiquer de la noix de bétel et de cracher rouge sang. Quelques belles plages désertes aussi au programme et de belles rencontres avec les enfants surtout quand on a commencé à leur montrer des photos d’autres pays complètement inconnus pour eux…

Après une dizaine de jours à Alor, il est temps pour nous de prendre l’avion direction Kupang (Timor Ouest). Nous n’y resterons que 3 jours donc vraiment pas assez longtemps pour se faire une véritable idée de la région. Nous trouvons une piaule sympa et bon marché face à la mer mais bon, avec 340 000 habitants qui rejettent leurs eaux usées directement sur le littoral, la baignade reste déconseillée… Et grand luxe nous avons une douche! Bon pas encore l’eau chaude faut pas rêver mais après 20 jours à se laver avec des seaux d’eau froide hé bien on apprécie! A nouveau nous louerons sur 2 jours un scooter afin de visiter la région… Pas grand chose d’exceptionnel à part quelques villages assez reculés, la culture du riz, maïs, cacao et café. Nous verrons aussi quelques cascades et plages jonchées de détritus (normal le tourisme ici est essentiellement asiatique), un climat plus sec qu’ailleurs (pénuries alimentaires fréquentes en saison sèche), et un grand centre commercial avec un KFC! Voilà si nous avions eu plus de temps, nous serions allés plus à l’Est visiter des villages avec des huttes en forme de ruches d’abeilles mais bon ça sera pour une autre fois… Difficile à croire qu’il y a même pas 2 générations, les habitants étaient réputés comme étant des chasseurs de têtes…

A nouveau, nous prenons l’avion pour Lombok cette fois. Cette île, comptant 3 millions d’habitants, est peuplée à plus de 90% par des Sasak (peuple considéré comme pauvre, ayant son propre dialecte et pratiquant un mélange d’islam et d’animisme). Lombok est surtout connue car elle est l’île voisine de Bali (essor touristique modéré à partir des années 1980) mais aussi parce qu’elle dispose de plages magnifiques dans le Sud idéales pour les surfeurs. Parmi ses atouts, on peut citer le second plus haut volcan d’Indonésie (le gunung Rinjani) qui culmine du haut de ses 3 726 mètres, et aussi sa proximité avec les îles Gili, lieu touristique par excellence pour le farniente ou la fiesta.

Nous resterons 8 jours sur place. Les 5 premiers jours seront réservés à la découverte des belles plages du Sud. De nombreuses femmes essaierons de nous vendre leurs ikats (tissus)…

Puis, nous rejoindrons notre copine Marie-Claude (rencontrée en Sulawesi puis brièvement en Thaïlande quelques mois plus tard) à Senggigi, la plus ancienne cité balnéaire de l’île qui dispose aussi de quelques pensions pas chères près de la plage. Bon pour la coup, les plages étaient assez décevantes et la population bien trop européenne à notre goût. Cependant, un petit tour en bémo et paf nous voilà catapultés en plein cœur de Mataram, principale ville de l’île avec ses 330 000 habitants, et vraiment plus authentique car moins touristique. De nombreux cidomo (carriole à cheval) cohabitent toujours avec les transports à moteur. Nous nous y perdons, discutons avec des locaux qui pour certains nous offriront de bon cœur un café et quantité de sourires. Bizarrement nous nous étions habitués aux sourires rouges sang entre Florès, Alor et Timor… Comme quoi finalement le blanc peut être aussi choquant que le rouge tout est une question de référentiel…

Le lendemain, nous partons pour une journée en scooter dans la banlieue Est de Mataram, sur les pentes du volcan Rinjani. Aucun touriste à l’horizon, des plantations de café et cacao à gogo, des sources sacrées où les enfants se baignent allègrement pendant que les femmes y font leur lessive, un tournois de toupies version XXL, et un cimetière chinois seront au rendez-vous… Nous nous laissons embarquer par une famille et ainsi passerons une bonne heure à discuter confortablement installés à même le sol sur une couverture avec du café et des brochettes de poisson dans un village sasak certainement peu habitué aux visiteurs… Nous en profitons pour visiter la plage juste à côté, bien crado comme à chaque endroit touristique apprécié par les asiatiques… Dimanche oblige, de nombreuses familles sont présentes et la baignade et les cerfs-volants fusent de toute part. Au loin, nous apercevons le gunung Agung (plus haut volcan de Bali avec ses 3 142 mètres) dans l’alignement du soleil couchant…

Au détour d’un chemin nous tombons sur un village spécialisé dans la collecte des fèves de cacao et de café…

Petite blague de circonstance pour fêter pâques à peine 1 semaine auparavant…

Nous trouvons sur la place d’un village des hommes rassemblés qui se combattent avec leurs toupies. Une façon originale de passer agréablement le dimanche aprem pendant que bobonne travaille par là… Chaque toupie fait entre 2 et 3 kg et les cordes claquent comme des fouets à chaque lancé!

Nous suivons une famille qui nous emmènera à son domicile boire le café. Bien évidemment rapidement tout le village s’invite, curieux d’écouter des bule-bule sachant parler un peu leur langue… Nous y resterons une bonne heure à échanger nos idées tant bien que mal et finissons par partager quelques brochettes de poissons tous ensemble… Comment faire plaisir à tout un village pour 1€ ? Une fois encore il s’en est fallu de peu pour que je finisse marié lol.

Et voilà nous disons déjà au revoir à Marie-Claude et nous prenons les bus-ferry pour revenir sur Bali. Initialement nous pensions aller aux îles Gili mais finalement nous en avions assez de voir autant de touristes et puis, en terme d’environnement, beaucoup nous ont assuré que les Gili ne disposaient plus d’aussi beaux fonds marins que ceux que nous avions pu voir… Ayant 6 jours devant nous avant l’arrivée de mes parents, nous en profitons pour visiter des endroits encore inconnus pour nous à savoir les montagnes du centre de Bali. Une grande boucle en perspective en passant par les villages de Kintamani, Pelaga, Bedugul, Munduk, Mayong, Pupuan, Antosari, Tabanan et retour sur Ubud. Nous logerons à Munduk, petit village de montagne sympa et bien placé pour visiter la région en scooter. Au programme : de beaux paysages, des routes en zigzag, quelques temples et lacs, de magnifiques rizières, des plantations de fraises et d’oranges, des marchés locaux, une cascade bien fraîche, et des averses en fin de journée me permettant de me remettre à travailler mon bahasa indonesia… Bref, un endroit encore hors du temps, parfait pour se détendre et se ressourcer…

Prochain article mi-juin!