D'ici et la bas

Indonésie… De Bali à Java

De retour à Bali, nous retrouvons avec plaisir notre copine Marie-Claude qui revenait tout juste d’un stage de méditation à côté de Bangkok. Rien de tel que piquer une petite tête dans la piscine de notre bel hôtel de Kuta, le dewi sri hotel. Nous retrouvons aussi une copine indonésienne rencontrée en septembre dernier dans le Nord de Bali, Monica, avec qui je reste en contact régulier par mail.

Avec son accord, elle accepte de partager son histoire, qui à mes yeux d’Occidental est assez exceptionnelle… Originaire de l’île de Florès dans une famille pauvre, Monica est partie dès son plus jeune âge vivre chez sa tatie qui souhaitait une seconde fille pour tenir compagnie à la sienne. L’échange d’enfants est une pratique courante à Florès ce qui ne l’a pas empêché de souffrir de l’absence de ses parents biologiques. Catholique, elle a durant sa jeunesse ressentie de la haine envers Dieu car sa vie lui semblait vide et inutile. A 14 ans, elle a saisi la possibilité de rentrer dans les Ordres en tant que Bonne-Sœur, et ainsi espérer trouver un sens à sa vie et la paix intérieure. Après quelques mois de formation à Florès, elle est partie pour Manille (aux Philippines) dans un couvent durant 4 ans en apprentissage. On lui propose alors de s’envoler pour l’Italie. Après des débuts où elle était particulièrement isolée, quelqu’un a finalement repéré ses prédispositions à s’occuper des enfants et dès lors elle a pu changer de couvent et est ainsi partie à Rome où le gouvernement envoie les enfants abandonnés, dont la plupart d’origine roumaine et africaine. En général les Bonnes-Sœurs avaient une dizaine d’enfants à gérer le temps que le gouvernement italien trouve une famille d’adoption ou que les parents biologiques se manifestent et prouvent leur aptitude à s’en occuper. Elles n’étaient pas équipées ni formées pour gérer des enfants ayant de graves maladies mais il leur arrivait néanmoins d’en récupérer. Souvent les enfants ayant de lourdes pathologies avaient des parents alcooliques ou drogués. Il était très difficile de trouver le temps de s’en occuper correctement, de faire les allers-retours entre le couvent et l’hôpital, et aussi de leur trouver une famille d’accueil. Pour tenir le coup, il fallait aussi être capable de donner de l’amour en essayant de ne pas trop s’impliquer émotionnellement (ce qui n’est pas toujours possible). La souffrance et la privation sont des éléments indispensables pour pouvoir se rapprocher de Dieu et avoir la Foi. Au bout de 7 années passées en Italie, Monica a décidé de quitter les Ordres et de revenir en Indonésie. A son retour, elle se sentait enfin en paix avec Dieu et elle-même, tout en ayant la sensation que sa vie avait enfin un sens. Et puis, à 29 ans, elle veut aussi commencer à profiter de sa vie pour elle-même et pourquoi pas fonder une famille!

Allez un petit mot de conclusion Monica ? « Quelque soit sa religion ou sa non-religion, je respecte les croyances de chacun. Faire le bien autour de soi repose sur la faculté de chacun à pouvoir donner de l’amour et à respecter son prochain. Par contre, je suis contre l’avortement qui pour moi est un crime. Tellement de familles sont en attente d’un enfant qu’il est égoïste de ne pas pouvoir assumer sa grossesse même si le bébé n’était pas voulu. « Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas qu’on te fasse » est une philosophie de vie à adopter que l’on croit ou non en Dieu ».

Voilà voilà. Après de brèves retrouvailles avec Monica et Marie-Claude à Kuta, il est temps pour nous d’accueillir mes parents venus nous rendre visite pour 3 semaines !

Après 2 jours de récup à l’hôtel à Kuta, il est temps pour nous de repartir en vadrouille. On louera ainsi 2 scooters pour une douzaine de jours… Ci-dessous quelques photos et vidéos de Kuta et de la presqu’île du Sud de Bali.


Miam miam diraient mes parents! J’ai découvert qu’ils n’étaient pas fan du riz blanc et encore moins de la bouffe épicée ou des fritures… Le début d’un régime slim-fast ?

Nous partons pour 10 jours avec nos sacs en mode road-trip. Au programme une grande boucle plus ou moins similaire avec celle que j’avais fais précédemment avec Antoine en mars dernier : Tanah Lot, Jatiluwih, Munduk, Jemeluk, Tirtagangga, Ubud, et retour sur Kuta. La route n’est pas mauvaise mais vu les distances parfois ça tape quand même pas mal au niveau des fesses et du dos… Enfin, on aura survécu malgré quelques appréhensions au départ et pris plein de magnifiques paysages dans la face…

D’abord le temple de Tanah Lot en pleine tempête !

Puis une grande serre remplie de papillons près de Tabanan…

Jatiluwih et ses rizières classées UNESCO…

Danau Bratan, Munduk et les montagnes du centre de Bali… En plus des traditionnelles rizières, nous nous promenons dans les cultures de fraisiers, de girofliers, de cacaotiers, de caféiers… Nous nous réchaufferons dans les sources d’eau chaude de Seririt avant de longer la côte Nord.


Et oui pédagogie et patience ne font qu’1 chez moi… Pour le plus grand bonheur de mes parents lol.

Jemeluk où mes parents se sont initiés au snorkeling pendant que Thierry et moi passions notre niveau 2 de plongée (Advanced) à Tulamben. Au bout de 2 jours intensifs, 5 plongées et quelques problèmes de matériel (dont 1 panne d’air en pleine plongée), nous obtenons enfin notre précieux sésame nous permettant de plonger en binôme jusqu’à 30 mètres de profondeur (au lieu de 18 mètres précédemment), de plonger de nuit et aussi en milieu couvert ce qui n’était pas possible auparavant. L’occasion pour nous aussi d’explorer l’épave du Liberty et d’y croiser de nuit de nombreuses murènes de 3 mètres de long parties chasser, des poissons perroquet à bosse, des mérous immenses qui te suivent car attirés par la lumière que projette ta lampe-torche… Bon pour les photos de la plongée de nuit sur le Liberty j’ai triché en prenant quelques photos sur Google afin que vous puissiez vous rendre compte de ce que nous avons pu observer… Bagus !!

Le temple de Pura Lempuyang perché à flanc de montagne avec son point de vue sur le volcan Agung et la cérémonie hindouiste à venir…


Dernières répétitions avant la grande cérémonie au Pura Lempuyang…

Tirtagangga avec ses rizières et son temple de l’eau…

White sand beach à Candidasa…. Juste la plus belle plage de Bali ! Et n’oublions pas les massages de 1 heure à 3€ avec Ketut qui m’a reconnu en suivant.

Et enfin Ubud et la vallée de Tampaksiring où nous retrouvons Marie-Claude et nos amis les singes de Monkey Forest.


La fête foraine… un moment inoubliable pour petits et grands!

Une petite virée aussi au « Setia darma House of Mask and Puppets » dans la banlieue Sud-Est de Ubud nous permettra d’admirer une collection colossale (et gratuite) d’un riche collectionneur de Surabaya vivant à Jakarta actuellement.

Et une fois n’est pas coutume, nous allons faire un tour dans un musée, celui de Antonio Blanco. Parti d’Espagne, Blanco arriva à Bali après un séjour aux Philippines. Spécialisé dans l’art érotique et l’illustration de poèmes, il se situe dans la lignée de Dali. Après sa mort en 1999, sa grande demeure est devenue un musée. Nous n’avons pris que l’extérieur en photo mais si vous allez à Ubud un jour c’est à voir…

Nous quittons Bali pour la 3ème et dernière fois et nous nous envolons pour l’île de Java au petit matin. A peine arrivés à Jogjakarta, nous enchaînons avec un train rapide pour Solo où nous attendent Lisma, son mari Wahyu et leur adorable petit garçon Gaza qui a 3 ans. Nous profitons des retrouvailles et allons piquer une tête à la piscine de l’hôtel face au bureau de l’immigration de Solo. Et oui, nous sommes déjà en overstay (65 jours au lieu des 60 jours maximum avec notre visa social) donc il devenait urgent de retrouver Lisma qui fera office de sponsor pour nos 2 extensions de 30 jours à venir (afin de rester 4 mois consécutifs en Indonésie). Bon ce qui n’était pas prévu était la tonne de papiers et formulaires à remplir, plus les pénalités conséquentes à cause de l’overstay (à coup de 15€ chacun par jour), plus les 7 allers-retours et les 20 jours au total qui auront été nécessaires afin de récupérer nos passeports et les tampons qui vont bien !! Encore merci Lisma sans toi on se serait au mieux fait expulser du pays ou au pire on aurait pu avoir droit à un petit séjour en taule comme nous l’a fait si gentiment remarquer notre ami douanier…


On se plaint de nos transports en France… Mais imaginez une seconde devoir descendre de votre wagon limite en rappel et vous collez à la paroi en attendant que le prochain train arrive… Et encore il s’agit de la gare de Jogja, une des plus grandes du pays!

Bref, durant ces 20 jours, nous en avons profité pour visiter un peu Jogjakarta, ville de 700 000 habitants. Réputée comme étant le cœur artistique et intellectuel de l’île de Java, Jogja n’en demeure pas moins une grande ville bruyante et relativement polluée, et où les andong (calèches) et becak (pousse-pousse) rivalisent d’ingéniosité pour passer entre les voitures et piétons. Il s’agit de l’endroit le plus touristique de Java de par l’histoire de la ville, son rayonnement culturel, mais aussi de par sa proximité avec les sites archéologiques de Prambanan et Borobudur.

Nous irons faire un tour dans le quartier du kraton (palais des sultans). Véritable citée fortifiée, le kraton abrite 25 000 habitants et possède son propre marché, ses commerces, ses ateliers de batik et joaillerie, ses écoles et mosquées. Environ 1000 personnes sont employées actuellement par le Sultan. Il s’agit donc plus d’une ville dans la ville… dont les premiers édifices datent de 1755. Mais, même si il reste quelques bâtiments en bons états, beaucoup furent endommagés par le tremblement de terre de 2006.

Nous irons aussi au Taman Sari, ancien parc de loisir du Sultan et de sa cour, où suite aux tremblements de terre il n’en reste que des ruines.


Et oui comme dans toutes les grandes villes, les petits boulots font loi et tout le monde chercher à se faire quelques roupiah en plus pour vivre… Ici,ce n’est pas sans me rappeler mes quelques années à Paris… Une belle expérience mais que je suis heureux de laisser derrière moi!

La nuit venue, nous ne manquerons pas de faire un tour dans l’artère touristique principale, Jalan Malioboro. Parfait pour acheter des vêtements pas chers et manger pour encore moins cher à même le sol…


Et oui, Jogja à beau être une ville de plusieurs millions d’habitants, cela n’empêche pas les nombreux pousse-pousse et calèches de cohabiter avec les milliers de voitures et camions… Circulation anarchique mais tout le monde à l’air de s’y retrouver c’est l’essentiel non?!

Et bien sûr, avant de quitter Jogja, nous en profitons pour visiter le temple bouddhiste de Borobudur, vieux de 1 200 ans. Bon c’était pas mal mais moins impressionnant qu’attendu… Faut dire aussi que faire des sites touristiques en Indonésie pendant les vacances scolaires indonésiennes c’est pas très malin !!!

Nous montons dans le train pour Solo (alias Surakarta avec quelque 560 000 habitants) puis direction Sragen, petite ville loin des sentiers battus, où Lisma et sa famille nous ont réservé la maison voisine à la leur qui est actuellement inoccupée. Aussi, nous passerons, Thierry et moi, 2 semaines dans ce village qui n’a pas dû voir passer beaucoup de touristes européens… Et tout ça gratuitement en plus. Nous avons eu le plaisir de faire nos courses, de faire notre propre bouffe (bye bye le riz, la friture et les piments)… et même notre propre vaisselle et ménage ! Et oui les corvées ménagères finissent par manquer au bout de 9 mois… Non ça c’est pas vrai !!! A plusieurs reprises nous avons mangé chez les beaux-parents et inversement. Ils ont pu goûter pour la première fois des spaghettis bolo, des croque-monsieur (avec omelette au lieu du jambon), des pommes caramélisées avec glace vanille… Mais finalement ce qui a fait l’unanimité c’est les crêpes au sucre et le pain perdu ! Et oui ici les palais sont plus habitués au sucré qu’au salé et rien de mieux que les trucs qui arrachent la gueule pour apprécier un plat. En tout cas, même si nos plats n’ont pas fait le bonheur de tous, tout le monde a fait l’effort de goûter et Lisma a pu retrouver brièvement certaines saveurs lui rappelant la France.

Mes parents étant malades à notre arrivée à Sragen, ils n’y auront passé qu’1 seule nuit en attendant leur retour en France 5 jours plus tard… Et oui quand on voyage dans un pays non aseptisé mieux vaut partir avec toutes ses vaccinations à jour si on ne veut pas finir à l’hôpital avec une bonne fièvre typhoïde. Bref heureusement aujourd’hui mes parents vont mieux c’est l’essentiel mais pas sûr qu’ils reviennent voir leur fiston en Asie…

Les 2 semaines qui suivront nous permettrons de nous poser, de faire quelques économies, de prendre le temps de profiter de Lisma et de sa famille, de faire quelques tours en vélo dans les rizières environnantes, d’assister à la cérémonie funéraire du grand-père de Wahyu, de monter au volcan Lawu pour y voir des singes, cascades et piscine glacée… Thierry est devenu expert de la conduite à gauche en particulier grâce aux nombreux allers-retours à l’immigration de Solo (situé à 1h30 de notre village). Notre voiture a fait des siennes mais pas de panique tous les gamins sont venus spontanément nous aider à la pousser jusqu’au « garage automobile » où au bout de 1h la durite a été changée pour un total de 2€ !!! 1€ par mécano pour 1 heure de main d’œuvre avec la pièce qui va bien… Qui dit mieux ?!


Petite balade familiale dans les rizières qui entourent notre village… De quoi nous mettre en jambe avant l’ascension du Merapi !!

2 jours avant notre départ, nous avons eu le privilège d’être invité au mariage musulman de la voisine que nous n’avions jamais vu mais bon… 24h de musique non-stop à l’exception des moments de prière (au micro bien sûr). Les hommes restent assis durant des heures de leur côté et les femmes de l’autre côté. Des écrans de TV permettent à tout le monde d’assister à l’intégralité de la cérémonie car les mariés se déplacent eux. Wahyu nous avait prêté de belles chemises qui n’allaient pas forcément très bien avec notre jogging de routard mais bon faute de mieux on s’adapte ! Nous avons eu droit à une dérogation et avons pu nous asseoir à la jonction entre la place des hommes et celle des femmes afin de rester avec Lisma et Gazali. Thierry n’a pas pu s’empêcher de faire un tour des coulisses en mode reportage caméra au poing comme vous pouvez le voir ci-dessous… Quant à moi, un peu intimidé par tous les gens autour, je n’ai quand même pas pu faire autrement que prendre le micro 2 minutes et baragouiner quelques explications comme ce qu’on faisait là et que Lisma n’était pas ma femme contrairement aux apparences… Ça n’a d’ailleurs pas fait rire son mari mdr. Du coup, étant un cœur à prendre, le présentateur a essayé de me refiler à une chanteuse célibataire devant l’hilarité générale.


Nous étions les bienvenus au mariage de la voisine. Et oui pas tous les jours que des bule-bule viennent dans le village… Durant 24h nous aurons le plaisir d’entendre de la musique en continue à l’exception des moments de prière bien sûr… A ce que j’ai compris il s’agit plus d’un mariage arrangé par les parents ce qui pourrait expliquer l’impression de grand bonheur des mariés…

Bye bye Sragen. Pour marquer le coup, nous offrons à Lisma et à sa famille une nuit dans une belle villa à Solo. Et oui le lendemain nous devons enfin récupérer nos passeports… Aprem au bord de la piscine, première connexion internet depuis longtemps aussi, du bonheur quoi ! Lisma s’est même baignée avec nous et on s’est éclaté avec les bouées. Gazali était tellement excité qu’il n’arrêtait pas de crier à nous percer les tympans. C’était vraiment cool. Le lendemain on a remis le couvert en attendant le check out et l’immigration.

Nous prenons le bus direction le volcan Merapi, un des 10 plus actif de la planète (dernière éruption en octobre dernier). Nous laissons Lisma à la gare routière de Solo en se promettant qu’on fera tout pour se revoir. Merci encore pour tout Lisma tu es vraiment une sœur pour moi !

Après 1 heure de bus, nous descendons et enchaînons sur le toit d’un bemo trop bondé pour nous accueillir avec tous nos sacs. Mais au bout de 20 min le conducteur apprend qu’il y a un contrôle de police plus loin et nous voilà d’un seul coup compactés dans une étuve jusqu’au terminus 30 min plus loin. Puis, on pensait être arrivé mais non c’est au tour de l’ojek maintenant. Et nous voilà partis en moto-taxi pour commencer l’ascension du volcan pendant 30 min. La route s’arrêtant au petit village de Selo, et la température ayant dégringolée de 20 degrés, nous nous arrêtons pour la nuit dans une guesthouse pourrie de chez pourrie. Bref, au moins nous sommes sur place pour entamer notre ascension de nuit. Départ 1h du mat avec un guide. Moins de 20€ le guide pour nous 2 seulement ça va c’est pas la folie. Et de toute façon c’était indispensable. Munis de nos frontales, nous montons et avec 2 heures de sommeil et à jeun, hé bien je peux vous dire que c’est raide de chez raide dès le départ ! Les champs de tabacs laissent rapidement place à une végétation dense et touffue qui n’est pas sans rappeler la jungle équatoriale. Nous doublons néanmoins pas mal de petits groupes de marcheurs (pour la plupart des étudiants indonésiens en vacances) et finissons par arriver en haut pour le lever de soleil à 5h15. Bon sur la route on a eu droit à la pluie et au vent gelé mais heureusement sur les hauteurs seule persistait la fraîcheur. Et voilà, après avoir escaladés la dernière partie à 4 pattes sur des cailloux volcaniques coupants, nous sommes tout en haut, face à une mer de nuages et d’autres cimes de volcans de ci de là, et des volutes de fumées sulfureuses à proximité. Pas intérêt à tomber même si il a l’air de faire bien plus chaud dans le cratère en contrebas… A son habitude, Pinpin joue la starlette et pose pour son facebook. Au bout de 30 min, le froid nous envahit et nous décidons de redescendre. La descente est périlleuse tout comme la montée. Au bout d’un moment je n’y tiens plus et finis par courir afin de me débarrasser au plus vite de ce monticule immense de gravillons qui constitue le dôme du volcan. 2 heures plus tard, nous sommes à nouveau dans les nuages et la pluie se remet à tomber de plus belle. N’ayant plus l’habitude depuis longtemps de mettre des chaussures aux pieds (j’ai dû les mettre 4 fois en 9 mois), c’est pieds nus que je finirai ma dernière heure de marche en essayant d’éviter les épines et les limaces sur la route. De retour à la guesthouse à 9h30, nous engloutissons des pâtes instantanées et décidons de repartir à Solo afin de trouver un meilleur logement et être sur place pour prendre le bus de nuit du lendemain. Donc bien crevés, nous enchaînons comme la veille ojek, bemo, et bus. Dodo tout l’aprem et jusqu’au lendemain midi !!

Quand on pensait qu’au bout de 9 mois on avait eu le bonheur de tester toutes les façons de voyager… Et bien finalement pas encore! Au moins, il ne faisait pas trop chaud contrairement à l’intérieur bondé du véhicule… Puis, c’est en moto-taxi avec nos sacs que nous avons fini la montée vers le village de Selo…

Le midi nous fêtons nos 9 mois de voyage devant une bonne assiette de sushis. C’était d’autant meilleur que la veille nous étions trop crevés pour manger autre chose qu’un bol de pâtes en tout et pour tout. A la question « Alors Thierry quel bilan tires-tu de nos 9 premiers mois en Asie ensemble ? », la seule réponse qu’il a pu me fournir a été « J’ai accouché d’un ulcère ! ». Quel enfoiré celui-là !!!

Le soir, avec 3 heures de retard, nous prenons place dans le bus de nuit. Départ effectif 21h pour arriver à Bandung à 9h30 du mat. Nous disons au-revoir à Java centre afin de nous rapprocher au plus vite de la capitale, Jakarta, à l’Ouest. Car avec ces conneries de visa, si on veut avoir le temps de visiter un peu Sumatra, mieux vaut s’activer… Dans le bus nous évitons au maximum de boire et de manger de peur d’aller dans le chiotte littéralement infesté de cafards.

Bandung, 2,4 millions d’habitants intramuros (et 7 millions en comptant la banlieue), n’est pas à proprement parlé une belle ville. Comme dans toutes les grandes villes, l’esprit communautaire se perd et la mendicité prend de l’ampleur. Les bâtiments sont pour la plupart délabrés et même le pasar baru (marché nouveau) ne ressemble pas à grand chose… Beaucoup de gens de Jakarta viennent ici le week-end certainement car pour eux cela doit correspondre à la campagne. En tout cas, nos 3 jours passés ici ne nous auront pas emballés malgré les kilomètres de marche dans les rues. Bon j’avoue il y a bien 1 grande surface qui a plu à Thierry, un Mac Do qui nous aura fait saliver, une mosquée tellement grande qu’on se serait fait un torticolis en voulant regarder le sommet des tours… D’ailleurs nous y sommes montés mais en ascenseur faut pas pousser non plus ! Bref, quelques photos ci-dessous histoire de… Si nous avions eu plus de temps nous aurions loué un scooter pour visiter la région au Nord de Bandung avec ses montagnes, cascades…

Et voilà nous finissons par prendre le train, plus cher (7€ chacun) que le bus mais tellement plus confortable et rapide vu les embouteillages… Ainsi en 3 heures, et après avoir traversé des rizières, des plantations de manioc et de café (4ème pays producteur de café au Monde et aussi producteur principal du café le plus cher, le kopi luwak), ainsi que quelques bidonvilles en bordure de voie ferrée, nous voilà en plein cœur de la capitale, Jakarta. Je profite d’avoir ENFIN une vraie bonne connexion internet pour faire cet article.

Jakarta, est l’une des plus grandes mégapoles au Monde avec plus de 9 millions d’habitants et pas loin de 20 millions de personnes en prenant en compte sa banlieue. Savez-vous que Barack Obama a vécu 4 années ici lorsque sa mère épousa son second mari en 1967 ? Parmi les problèmes récurrents, figurent l’extrême pauvreté de millions de personnes qui cohabitent avec les plus riches. Aussi, il n’est pas rare de passer d’un quartier avec des gratte-ciels à des rues entières de type bidonvilles. De plus, de graves problèmes d’inondations ont lieu à chaque saison des pluies et le phénomène s’amplifie car la ville entière s’enfonce un peu plus chaque année sous le niveau de la mer. Enfin, les embouteillages sont quotidiens et la pollution bien au rendez-vous.

N’ayant que 2 jours pour visiter Jakarta (puisque le 3ème est consacré à cet article), nous avons décidé d’organiser notre visite de la manière suivante : le premier jour pour voir le cœur de la ville moderne, tandis que le second concernera le quartier historique.

Nous voilà donc partis pour la ville moderne avec ses gratte-ciels, magasins de luxe et la place centrale Merdeka. A noter le Monas, au centre de Merdeka, immense colonne phallique de 132 mètres en marbre italien surmontée d’une flamme dorée à l’aide de 35 kg de feuilles d’or. Il s’agit d’un « cadeau » offert par l’ancien président Sukarno au peuple indonésien dont la construction, entamée en 1961, a durée 14 années. Un peu plus loin, nous irons voir la grande mosquée de Istiqlal ainsi qu’une cathédrale de l’époque coloniale.

Le lendemain, direction la vieille ville au Nord, surnommée Kota ou Batavia. Jadis, ce quartier concentrait le centre du pouvoir colonial néerlandais. Aujourd’hui, par manque d’entretien et du fait de graves problèmes d’inondations, cette partie historique de Jakarta ne dispose plus que de quelques bâtiments d’époque bien abîmés et les bidonvilles et égouts à ciel ouvert pullulent. Les anciens canaux, censés rappeler les Pays-Bas, grouillent de déchets et les odeurs nauséabondes ne sont jamais bien loin… Grosse déception donc que notre virée dans ce quartier. Bien sûr, il y a quand même une toute petite partie touristique où les indonésiens en vacances aiment se promener. Il s’agit de la place pavée de l’ancien hôtel de ville. Quant au grand port des marchandises Sunda Kelapa, hé bien ce n’est pas fameux non plus mieux vaut faire attention où l’on marche…


Voici le meilleur hôtel situé dans la vieille ville de Jakarta… Je ne sais pas à l’intérieur mais en tout cas à l’extérieur ça dépote grave et mieux vaut pas se balader dans le secteur la nuit…

Bon petit souci de micro mais je pense qu’on peut saisir l’essentiel… En dehors du ghetto huppé du centre-ville avec les gratte-ciels, voici le vrai visage de Jakarta pour l’immense majorité de ses habitants… Certains vont même jusqu’à y naviguer avec des barques de fortune pour récupérer des plastiques qui sont consignés!

Je profite de la publication de cet article pour souhaiter un bon anniversaire à Lisma qui fête aujourd’hui même ses 28 ans !

Samedi, après 3 jours à Jakarta, nous décollerons pour le Nord de Sumatra où nous resterons une vingtaine de jours avant de quitter l’Indonésie…

Si je devais résumer brièvement notre séjour à Java, je dirais que touristiquement et culinairement parlant, Java Centre et Ouest n’ont pas de quoi faire rêver plus que ça. Il ne faut pas oublier que la moitié des 240 millions d’habitants que compte ce pays réside sur cette île d’où pas mal de pollution et de grandes villes bordéliques. Les mosquées sont omniprésentes. Le temple bouddhiste de Borobudur c’était pas mal mais par rapport à ce qu’on a pu voir en Thaïlande c’était pas génial et puis avec les milliers de touristes indonésiens ça n’aide pas non plus à ressentir la beauté du site. Bien sûr, certains lieux non visités nécessiteraient de revenir pour avoir une meilleure vision d’ensemble. Je pense notamment à Prambanan (temple hindouiste), au Mont Bromo (pour le point de vue) et à Kawah Ijen (lac de souffre au sommet d’un volcan). Mais bon, avec les contraintes de timing de visa, le timing lié au voyage de mes parents et au fait qu’ils soient tombés malades, et les distances à parcourir, il a fallu faire des choix… Après discussion avec Thierry, le seul grand point positif de notre périple à Java restera notre séjour chez Lisma et sa famille. Pour la première fois depuis longtemps, nous avons eu la chance d’avoir notre propre maison, de vrais échanges culturels (et culinaires), et la possibilité de vider notre sac et d’étaler nos affaires… Bon sans les papillons qui grattaient et les souris ça aurait été mieux mais c’était une superbe expérience…

Prochain article sur Sumatra vers le 18 juillet !