L’île de Sulawesi – appelée aussi Célèbes – est située entre Bali et les Philippines. Avec une superficie de 202 000 km2, c’est la quatrième plus grande île de l’Indonésie mais elle ne représente que 7 % de la population (soit 17,3 millions d’habitants). Il s’agit aussi de la 12ème plus grande île au monde! L’île est principalement recouverte de forêt tropicale. Le point culminant est le mont Rantemario avec 3 478 mètres d’altitude. La distance séparant Macassar – ou Ujung Pandang – au sud (1,6 millions d’habitants) à Manado au nord (500 000 habitants) est d’environ 1700 km soit 1,7 fois la distance Biarritz – Lille (mais sans les autoroutes) !
Avec 4 péninsules distinctes, des reliefs accidentés et une forêt dense, peu de relations ont eu lieu d’une région à l’autre au cours de l’histoire. Aussi, on retrouve ici environ 114 dialectes différents. Les principales langues parlées sont le gorontalo et le minaha dans le nord de l’île, le pamona dans le centre, le mandar dans l’ouest, le buginais, le macassar et le toraja dans le sud et le buton dans le sud-est. Les principaux groupes ethniques de Célèbes sont les Minahasas et les Gorontalos dans la partie nord, les Bugis, les Macassars et les Torajas dans la partie sud.
Au niveau religion, pour faire simple on peut dire que le Sud (qui concentre la majorité de la population) est majoritairement musulman et le Nord principalement chrétien. Dans le pays Toraja, bien qu’étant initialement animistes, une bonne partie à été convertie au christianisme même si de nombreux rites et traditions perdurent de nos jours (en particulier celles liées aux funérailles).
Le mot Sulawesi peut se traduire par « île du fer ». Depuis longtemps en effet, Célèbes est connue pour ses gisements de fer, peu nombreux dans l’archipel indonésien. Les Javanais, du royaume de Majapahit au XIVème siècle, appréciaient le fer à haute teneur de nickel en provenance du royaume de Luwu dans le sud de Célèbes. Une autre source du métal étaient les mines du pays seko, également situées dans le sud de l’île.
Les premiers européens à visiter Célèbes (qu’ils prirent pour un archipel en raison de sa forme contournée) furent des marins portugais en 1525, venus des Moluques à la recherche d’or, que ces îles avaient la réputation de produire. Les Néerlandais arrivèrent en 1605, rapidement suivis par les Britanniques, qui établirent une manufacture à Macassar. À partir de 1660, les néerlandais furent en guerre avec Gowa, le principal état de la côte ouest dont la ville de Macassar est l’épicentre. En effet, Gowa constituait alors un lieu idéal pour les négociants qui souhaitaient contourner le monopole des Néerlandais sur le commerce des épices en Orient. En 1660, les néerlandais coulèrent 6 navires portugais dans le port de Macassar, s’emparèrent du fort gowanais (fort qui fut reconstruit rapidement après dans le style colonial), et obligèrent le Seigneur de Gowa, le sultan Hasanuddin, à s’allier avec eux en 1667. Le traité de Bungaya en 1667 donna ainsi le contrôle du commerce à la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Les Néerlandais furent aidés dans leur conquête par le seigneur de la guerre Bugis, Arung Palakka, souverain du royaume de Bone. Arung Palakka devint le maître de la région et Bone le royaume dominant durant un certain temps.
En 1905, l’ensemble de l’île fut intégrée aux Indes orientales néerlandaises, jusqu’à l’occupation japonaise de l’Indonésie durant la seconde guerre mondiale. Durant la révolution nationale indonésienne, le capitaine néerlandais Raymond Westerling y tua au moins 4000 personnes au cours de la Campagne de Célèbes du Sud (15 décembre 1946 – 15 mars 1947). Après le transfert de souveraineté en décembre 1949, Célèbes devint un état fédéral de la République des Etats-Unis d’Indonésie, remplacée en 1950 par la République d’Indonésie.
Après l’indépendance du pays, des luttes entravèrent la reconstruction après-guerre de la Sulawesi jusque dans les années 1960. Depuis, une période de paix continue et l’essor du tourisme a favorisé un développement accéléré. Ceci dit, récemment, le centre de la Sulawesi a été le théâtre de violences entre les chrétiens et les musulmans. Les incidents les plus graves ont eu lieu entre 1999 et 2001, qui a opposé des groupes paramilitaires appelés les Forces rouges (soutenant les chrétiens) et le Laskar Jihad (appuyant les musulmans). Dans le centre de l’île (au nord du pays Toraja), plus de mille personnes avaient été tuées, des maisons brûlées, des marchés bombardés et des enfants décapités. L’accord de Malino, signé le 13 février 2002, a abouti à un déclin de la violence sans l’arrêter totalement. Au cours des années suivantes, les tensions et les attaques systématiques ont continué jusqu’en 2006. Aujourd’hui la Sulawesi est un pays sûr qui ne demande qu’à être découvert… à condition de disposer de beaucoup de temps et de patience dans les transports !!