D'ici et la bas

Philippines… Les Visayas

Manille

Après avoir passé une dizaine de jours dans les montagnes au Nord des Philippines, nous revenons à des températures et une météo plus clémentes. L’occasion pour Ahmed de s’imprégner durant 2 petits jours à la ville tentaculaire de Manille et à ses différents quartiers avant de partir plus au Sud, dans l’archipel des Visayas…

Tout comme nous avons pu l’expérimenter une douzaine de jours plus tôt, nous ne manquons pas d’être impressionnés par le bruit, la pollution, la mendicité, et le côté hétérogène de cette ville suivant les quartiers traversés.

Nous logeons toujours au Chill Out, pension tenue par des français pour 700 Pesos la chambre (soit 12€) sans fenêtre, sans aération, et avec les sanitaires en commun. En même temps, vu les prix pratiqués à Manille, il s’agit d’une superbe affaire en plein cœur de Malate et proche du métro.

Ah le métro, parlons-en ! Manille avec ses millions d’habitants, ne dispose que de 2 lignes de métro aériennes seulement donc en permanence saturées. On pourrait aisément faire le rapprochement avec son confrère parisien en terme de saturation mais au moins ici il y a quand même (et heureusement!) l’air conditionné à l’intérieur.

Bref, les quartiers visités sont Malate (bars autour du Chill Out et le grand Mall avec son buffet jap à volonté!), Intramuros (cœur historique avec quelques bâtiments d’époque coloniale entourés par des remparts), Chinatown et Quiapo (grand bordel à ciel ouvert avec ses marchés, ses diseuses de bonne aventure, sa bouffe répugnante, ses déchets), et enfin Makati (le guetto pour riches avec ses grattes-ciel et ses rues toutes propres). Et comme partout, nous trouvons partout, devant chaque entrée, chaque boutique, chaque resto, des vigiles armés censés faire régner l’ordre dans cette fourmilière…


Rien de tel qu’un oisillon tué dans l’oeuf juste avant sa naissance… Après avoir aspiré la partie liquide avec un peu de vinaigre, il ne reste plus qu’à gober le tout. Il s’agit d’une friandise très appréciée ici…

Ah nos premiers sushis et makis depuis notre départ de France presque 3 mois plus tôt… L’occasion de se péter littéralement le bide entre potes!!!

Petite contrariété à l’aéroport en vue de prendre l’avion pour Dumaguete (île de Negros) : j’ai oublié de sortir mon couteau-suisse de mon bagage cabine! Cela nous aura valu une attente chez les douaniers, et l’expérimentation de demande de bakchiche, en vain pour le douanier.

Negros

P1120061Après la parenthèse Manille, enfin les choses sérieuses ! L’arrivée sur le petit aéroport de Dumaguete s’est faite avec les honneurs militaires : haie d’uniformes et tapis rouge! C’était pour accueillir un prêtre en fait… Dumaguete est une ville propre et plaisante avec sa petite « promenade des anglais », sur laquelle s’installent des stands de grillades le soir.

La location de motos nous aura permis le lendemain d’explorer les environs et de nous habituer au mode de conduite pour le moins fantaisiste et bordélique des philippins : après la conduite basco-balinaise, la conduite basco-philippine! L’occasion aussi pour Manu d’expérimenter les semi-automatiques que l’on retrouve partout en Asie!

En particulier, nous avons jeté notre dévolu sur le parc naturel des Twin lakes : il s’agit d’un volcan dont les 2 cratères ont formé 2 lacs jumeaux de toute beauté. La montée (ainsi que la descente) auront mis nos articulations à rude épreuve. Mais la petite excursion au sommet en aura été la récompense.

P1120163Le lendemain a été consacré à une montée dans les hauteurs voisines de Dumaguete, à Valencia : en particulier le point de vue de Tierra-alta qui offre au regard le détroit avec en face l’extrémité sud de Cebu et plus au sud, Siquijor.

Ensuite un détour sur les sources chaudes de Baslay auront détendu les corps et esprits.

Un peu plus loin au sud, un repas et un prélassement sur la plage de sable gris de Dauin nous attendaient. C’est là que Manu aura surpris un retour de pêcheurs avec leur énorme filet.

Cette pause n’était pas superflue pour affronter la montée nous menant aux cascades de Casaroro : Chute de moto sans gravité de Manu et Ahmed, et il s’en est fallu de peu pour que Thierry (et Ahmed, il doit porter la poisse) en fasse de même! Après une descente fastidieuse de 335 marches et la remontée du lit tourmenté (de rochers et blocs de béton), nous avons enfin pu admirer les 30m de dégringolade d’eau.

Nous retrouvons le soir 4 françaises très sympa : Laure, Tiff, Mélanie et Laurène. Nous avions déjà croisé les 2 premières à Manille, leurs amies les ont rejoint dans la foulée. Leur programme étant un peu similaire au notre, ce ne sera pas la dernière fois qu’on se recroise ! Du coup on a fêté ça comme il se doit (en « goûtant » le Tanduay, rhum local dont les panneaux publicitaires envahissent tout l’archipel).

Le lendemain, le RV est pris à 6h du mat pour une journée de snorkeling autour de la minuscule île d’Apo. Quelques tortues et beaux coraux nous ont ainsi félicités de nous être levés de si bonne heure. La visibilité était bonne, un petit serpent marin nous a quand même foutu un peu la frousse, mais dans l’ensemble c’était une excursion sympa où nous sommes tous revenus avec des coups de soleil sur le corps… N’est-ce pas Laurène ?

Siquijor

1h de ferry seulement nous a permis de rallier Siquijor.

Lors de la première journée, on a visité Lazi avec son église St Antoine de Padoue faite de corail et de bois et le plus ancien couvent du pays. On a ensuite gravi le sommet le plus haut (Bandila-an, 557m), nous faisant voir un beau panorama, et non loin, de visiter un conservatoire d’insectes dont certains endémiques des philippines : le plus grand papillon de nuit du pays, des chenilles et chrysalides, des phasmes … Le propriétaire étant un passionné très sympathique.

Mention spéciale à la plage du kiwi dive resort près de Larena : sable blanc et eau chaude, et étonnamment déserte (ce sera pas la première fois).

Le lendemain on retrouve les filles ce qui les aura initié aux motos et scooters locaux avant de faire tout le tour de l’île ensemble (environ 60 km). En particulier vers San Juan un arbre séculaire (400 ans parait-il) et de belles plages (surtout la plage de Kagusua au Sud complètement déserte et ensuite retour sur celle du kiwi dive).


L’île nous aura laissé une impression de tranquillité et de douceur de vivre, non démentie par la gentillesse des locaux (dont certains nous ont proposé du tanduay le soir venu, parait qu’ils occupent de cette façon le dimanche : sirotage de rhum et grillades avant le retour au boulot lundi! )

C’est à ce moment que nous avons commencé à nous renseigner sur notre destination d’après Bohol : des infos contradictoires nous disant que rallier l’île de Camiguin serait difficile voire impossible, pour cause de trafic de ferrys perturbés par le typhon.

N’empêche on embarque pour 3 heures de ferry tranquilles depuis Larena, au Nord de Siquijor.

Bohol

L’arrivée de nuit à Tagbilaran nous fait découvrir une ville quasi-déserte. Mais ce n’est que pour mieux saisir la différence avec le lendemain : rues bondées et bruyantes, envahies de tricycles et taxis … peu d’intérêt pour nous.

tricycles tagb (2)

Particularité des tricycles à Tagbilaran : ils arborent des messages très pieux, louant Jésus ou citations de la bible.

Nous préférons donc nous installer sur l’île de Panglao, au sud-est, qui dispose de belles plages et de possibilités d’hébergement intéressantes. Il y a en particulier le regroupement de resorts d’Alona beach où grouillent les touristes attirés par les spots de plongée de Balicasag et Pamilacar.

Les transports en commun…Vraiment pas chers mais toujours bondés! Claustrophobes s’abstenir à moins d’essayer de dénicher une petite place sur le toit…

De là, les motos (incluses dans le prix des bungalows) nous ont permis de bouger dans l’intérieur de l’île. On envisagea de se rendre à Jagna pour voir ce qu’il est des ferries pour Camiguin. Problème : crevaison de pneu sur ma moto. Un vulcaniseur bourru et sympa répare ça rapidement. Mais ce n’est que pour mieux crever à nouveau quelques kilomètres plus loin … les nerfs. Une longue attente le temps de chercher le proprio de l’hôtel et de changer de moto et hop repartis.

On part visiter un site de cascades entre Bahiliran et Antequera : il s’avère que c’était l’épicentre du séisme qui a frappé l’île le 15 octobre. Du coup on a eu devant nous les cascades de Mag-aso et Inambacan, en partie effondrées et méconnaissables par rapport aux photos des dépliants …

Le long de la route on a croisé les stigmates du séisme : certaines habitations et églises détruites, routes coupées par des glissements de terrains… Les rescapés logeant sous des bâches et ayant parfois écrit à l’aide sur l’asphalte des routes, à destination des hélicoptères de secours. A certains endroit des bâches entouraient des églises : c’étaient des écoles de fortune.

Au centre de l’île se dressent les Chocolate Hills : Faisant partie du patrimoine national, il s’agit d’un ensemble de 1268 collines résultant de l’érosion de dépôts de coraux, suite au retrait d’une ancienne mer. Elles doivent leur nom à la végétation qui les colonise, qui prennent une coloration brune en hiver c’est à dire en saison sèche (décembre à mai).

M’étant mis en tête de rechercher les « 8 sisters » (certaines de ces collines), on a emprunté des chemins tortueux (difficile pour les motos/scooters et les fesses ! Et ceci en vain, malgré les demandes d’indications aux locaux, non fructueuses.

Cependant, grand bien nous en a pris car en rebroussant chemin vers Carmen et la grande route, nous croisons un groupe d’écoliers curieux, et sommes invités dans leur classe pour un grand moment d’échanges : Chant national philippin, petit cours de français par Sam le prof. Gamins enthousiastes et l’instit qui joue le jeu, on a du mal à imaginer la même scène avec des touristes dans une école primaire en France ! (Enfin c’était écrit devant l’école « Visitors welcome »)


Au détour d’une balade en scooter dans les fameux chocolate hills sur Bohol, nous nous faisons inviter dans une école. Les gamins ont eu ainsi le plaisir d’entendre « les champs élysées » avant de suivre un cours de français en accéléré…sous le regard médusé de leur professeur. Un grand moment de partage pour tout le monde!

La journée ne serait pas complète sans un moment d’adrénaline qui va bien ; un petit tour en tyrolienne à travers une gorge de 500m de long ça vous tente ? La plupart des installations du parc d’activités de Loboc ayant été détruites 2 mois auparavant par le séisme, et sachant que c’est des hommes et non une machine qui nous arrête en plein vol juste avant de finir notre course en bout de ligne, il fallait être un minimum joueur pour se lancer…

CIMG6615

Heureusement, l’apéro sur la plage au coucher de soleil nous remet rapidement les pieds sur terre…

Le lendemain, nouvelle journée de snorkeling avec Manu et les filles. Départ très tôt pour apercevoir les dauphins en train de chasser, puis snorkeling autour de l’île de Balicasag (super décevant comme spot d’ailleurs sauf pour les tortues), et une pseudo plage de sable blanc sur une île déserte avant de rentrer à notre hôtel… On retiendra aussi le super repas avec les boites de sardines et de thons un régal !

Entre temps nous avons eu la confirmation de la difficulté de nous rendre à Camiguin. Tant pis nous décidons de prolonger un peu à Bohol et d’aller ensuite à Cebu.

Pour nous consoler on squatte la superbe plage d’Amarela à quelques km de l’hôtel ; elle aussi quasi vide mis à part quelques locaux qui passent le dimanche à pique-niquer et chanter du karaoké!

L’après-midi nous rallions les filles dans la ville de Panglao où se déroule un combat de coqs (cock pit) impressionnant par l’aspect rapide et sanglant des affrontements. Avant chaque combat, des paris dont les règles nous échappent se font dans un formidable brouhaha.

Comme tous les dimanches à Panglao, les combats de coqs et paris font ragent…

Le soir, comme beaucoup d’autres, nous buvons une petite bière les pieds dans l’eau face au coucher de soleil… Un petit best of ça vous dis?!

Le départ pour Cebu se fait un peu à l’arrache : 8 personnes et bagages entassés dans le 4×4 d’un ami du patron de l’hôtel puis dans un jeepney jusqu’au port de Tagbilaran ! Petite dédicace au Mac Do de 10h30 du mat, certainement le meilleur depuis longtemps (et mon dernier repas pour 1 semaine)…

Cebu

A bord d’un ferry rapide on rallie une ville de Cebu sous la pluie et qui n’a pas grand chose à envier à Manille pour son côté anarchique. A noter une proportion de motos plus importante que dans la capitale et des Jeepneys particuliers qui tiennent plus du Van que de la Jeep trafiquée, et qui sont souvent décorés de manière fantaisiste et bariolée.

Cebu est la 2ème agglomération du pays et on ressent sa particularité au travers de ses monuments témoins d’un riche passé. C’est en effet sur le site de l’actuel port que se dresse la croix de Magellan : premier accostage des espagnols (et occidentaux en général car les indigènes commerçaient déjà avec Chinois, Siamois ou Arabes depuis longtemps) en 1521. Brève incursion soldée par la défaite et la mort du navigateur-explorateur par le Chef Lapu Lapu, devenu ensuite héros national.

Malgré l’importance de la ville nous décidons de nous installer dans un coin touristique : à Moalboal dans le sud ouest pour profiter un peu des derniers jours sur l’île. Le trajet en bus (3h) aura été éprouvant : route pourrie et klaxons intempestifs. L’hôtel se situe à Panagsama, un véritable village pour plongeurs et snorkelers (surtout allemands). Sam et Manu étant malades, on ne bouge pas beaucoup mais le lieu est plaisant avec ses restaurants et bars. Pas de véritable plage à part White Beach un peu plus loin.

Le retour sur Cébu sera éprouvant aussi ; j’arrivais alors sur mon 6ème jour consécutif sans pouvoir manger!

Parfois pour des trajets plus longs, nous avons droit à de vrais bus quand même! Bon la conduite est parfois brutale, les amortisseurs morts depuis longtemps, et la route parfois cahoteuse et/ou sinueuse. Bref pas forcément l’idéal mais à moins de 2€ chacun pour plus de 3h de trajet ça reste intéressant… Bon après faut pas choper une grippe avec des nausées en permanence comme ça a été le cas pour moi ça aide pas!

Et voilà, après presque 1 mois pour Manu et 3 semaines pour Ahmed, nous nous séparons à Cebu. Eux partent pour 1 jour à Manille avant de retourner à Lille. Thierry et moi, nous partons pour Palawan, grande île à l’Ouest des Visayas, pour une dizaine de jours…

Merci à Ahmed pour m’avoir aidé à rédiger cet article!

Demain, c’est Noël alors on vous souhaite à tous de très bonnes fêtes de fin d’année!! Merry Christmas ;-) Nous ce soir ça sera skype et foie gras autour d’un petit vin blanc chilien…

CIMG6645