D'ici et la bas

Laos… de Vientiane au Sud

Nous revenons au Laos pour 1 mois. Nous avions déjà passés 3 semaines dans le Nord, aussi cette fois nous nous concentrerons plus sur la partie Sud de ce pays. Notre parcours commence là où il s’était arrêté à savoir la capitale, Vientiane. Nous avons de la chance nous tombons pile poil au moment de la grande fête annuelle qui marque la fin de la saison des pluies.

Grosse fête (Bun Nam) durant 3 jours pour marquer la fin des moussons… Au programme : courses de pirogues, fête foraine, lampions illuminés dans le ciel, stands de bouffe et d’objets divers, campagnes publicitaires bruyantes aussi dans une ambiance conviviale…

Nous en profitons pour refaire un petit tour de la ville avec ses nombreux bâtiments administratifs de l’époque coloniale française (1893-1954), ses rues animées, ses marchés, son avenue rappelant les Champs-Élysées avec à son extrémité une sorte d’arc de Triomphe made in Asia. Et n’oublions pas les croissants, les sandwichs, et la bonne bouffe d’inspiration thaïlandaise ou vietnamienne !!

Nos visas vietnamiens en poche après 4 jours à l’ambassade, nous quittons la capitale. Direction la ville de Thakhek à 360 km plus au sud (et 8h de bus). Cette modeste ville n’est pas spécialement intéressante en soi mais permet de rayonner facilement dans la région. Après 2 jours à traîner et à prendre des apéros au bord du fleuve Mékong (qui marque la frontière avec la Thaïlande), il est temps pour nous d’entamer notre virée en scooter de 3 jours intensifs.

Nous partons donc visiter la province de Khammouane. Au menu, de beaux panoramas, des rivières traversant des grottes garnies de Bouddhas, de la forêt dense, des villages paumés et des pics de karst qui se hérissent jusqu’à devenir forêts. La route est globalement bonne même si de gros tronçons sont en terre ou gravillons et il n’est pas rare de devoir éviter des trous béants sur la chaussée. Sans rentrer dans les détails, imaginez le mal au cul après presque 400 km en 3 jours !

Le premier jour sera consacré à la visite de quelques grottes et des falaises karstiques impressionnantes. Un peu avant notre arrivée dans notre guesthouse au village de Tha Lang, nous passons devant la principale centrale hydroélectrique du pays (et la plus importante d’Asie car produisant l’énergie équivalente à une centrale nucléaire) mise en service en 2010. Pourquoi je vous en parle ? Parce que d’une par il s’agit d’une des principales source de revenu du pays – l’électricité est vendue aux thaïlandais et aux vietnamiens – même si aujourd’hui un tiers du territoire n’est pas électrifié ! La centrale, exploitée par concession par EDF, est responsable de désastres écologiques. Aussi en amont du barrage, c’est toute une région qui barbote désormais dans un lac sans fin et des centaines de milliers de troncs d’arbres morts et blanchis se disputent le paysage dans une atmosphère apocalyptique… Ne parlons pas non plus de tous les petits villages qui ont dû être évacués ! Le patron de la Sabadee guesthouse, Mr Phaythoum, se révèle quelqu’un de très sympa et intéressant (ayant bossé pour EDF il parle un peu français) avec qui nous ferons une partie de pétanque. A noter que la pétanque reste un sport très populaire ici. Une bonne petite soirée au pied du lac de retenue…

Le lendemain, nous galérons sur des kilomètres de piste, des champs de rizières et de manioc tout autour. A un moment donné, nous passons le pont de Tha Bak, et là que voyons nous ?! Des canoës métalliques confectionnés dans l’enveloppe de bombes américaines en aluminium ! Rappelons que le Laos possède le triste record du pays le plus bombardé de l’histoire avec environ 250 millions de bombes larguées… Soit plus que pendant toute la seconde guerre mondiale sur un pays ayant pourtant une superficie inférieure à la moitié de la France métropolitaine !!

Après une nuit dans le village de Kong Lor, nous partons visiter la fameuse grotte qui servait à l’époque de refuge et de point de passage de contrebande pour alimenter en armes et munitions les rebelles indépendantistes vietnamiens contre l’oppresseur américain capitaliste basé dans le sud du pays (Cf. guerre du Vietnam de 1955 à 1975)… Cette grotte immense – 30 m de large, 20 à 100 m de haut et 7,5 km de long – est donc chargée en histoire et constitue le seul itinéraire possible pour passer de cette vallée à la suivante à cause des formations karstiques environnantes.

Nous voilà donc sur une petite barque motorisée, munis de nos lampes frontales, sur une des fameuses pistes Hô Chi Minh qui permettaient de contourner le centre du Vietnam sur-militarisé pour atteindre le sud du pays. 40 min de traversée plus tard, nous arrivons de l’autre côté de la grotte avant de repartir en sens inverse… Difficile d’imaginer que des gens (et même des familles!) aient pu habiter là-dedans il n’y a pas si longtemps !

Nous reprenons le scooter pour une dernière longue journée afin de revenir sur Thakhet, notre point de départ. Peu de choses intéressantes sur la route à part des reliefs escarpés et sinueux, et au sommet une vue panoramique sur la « forêt de pierre ». En fait, il s’agit de massifs calcaires abruptes et qui sont tellement denses que de loin on a l’impression qu’il s’agit réellement d’une forêt !

Bye bye la région de Khammouane. Nous partons plus au Sud direction Paksé. Idem près de 400 km de route et des heures de bus au compteur. Les paysages défilent et se ressemblent… Mais où sont les villes dans ce pays et où sont les gens ?! Car à part Luang Prabang et Vientiane, on ne peut pas dire qu’on ait vu une seule véritable ville. Est-ce que tout le pays est aussi sauvage et peu peuplé ? La réponse est OUI. Quelques chiffres : 7 millions d’habitants dont 44% de moins de 15 ans, de nombreuses minorités ethniques avec leurs langages propres, moins de 30 hab/km2, espérance de vie 63 ans, 65% en milieu rural, et plus des 3/4 des gens vivent avec moins de 2$ par jour. Autrement dit, le Laos est le pays le moins développé que je connaisse pour l’instant. Et ne parlons pas de l’éducation… Ici plus qu’ailleurs encore, les écoles font plus office de garderies qu’autre chose et à de très rares exceptions près, il est impossible de se faire comprendre en utilisant le français et l’anglais… Argh mon bahasa indonesia me manque parfois il est frustrant de se contenter du langage des signes et de ne même pas pouvoir lire les indications (alphabet « spaghetti ») !!

Paksé donc, au confluent du Mékong et de la rivière Sedon, a subi de nombreuses destructions durant la guerre mais sa position géographique lui confère toujours un rôle économique majeur et une plaque tournante des importations du pays. Chef-lieu de la province de Champassak, on retrouve ici de bons resto vietnamiens et indiens, quelques bâtiments de l’époque française, un marché (soi-disant le plus grand du pays!), et des hôtels avec wifi… la grande classe !! Nous tombons juste sur la semaine du salon du café alors on en profitera pour faire le tour des stands et quelques dégustations.

C’est parti pour 4 jours de scooter… Première destination, le temple Wat Phou à 50 km au sud de Paksé, classé Unesco en 2001. Antérieur aux fameux temples d’Angkor au Cambodge, on y retrouve les caractéristiques architecturales de la civilisation khmère. Mais plus que les ruines (assez mal restaurées) datant du Xème siècle, c’est le site qui est juste magnifique avec sa montagne, sa grande allée et son lac en contrebas… Au retour, nous tentons une boucle qui nous fera traverser le Mékong à l’aide d’une embarcation plus que rudimentaire… Belle journée sous un soleil de plomb !

Sur la route pour revenir à Paksé… Traversée originale et super sympa même si tu n’es jamais sûr d’arriver entier de l’autre côté lol

Les 3 jours suivants seront consacrés à une grande boucle faisant le tour du plateau des Bolovens, 1ère zone agricole du pays. Pour une fois la route est excellente ! Plantations d’hévéas, de bois de tecks, de bananes, de litchis, de café, de thé, de manioc, de riz, etc. Le plateau étant bien arrosé toute l’année, nous verrons aussi de nombreuses cascades mais aussi de gros coups d’orage qui nous laisseront trempés… La première nuit se fera à 85 km de Paksé dans un bungalow face à la cascade de Tad Lo. Super si on ne pense pas à la centaine de moustiques énormes qui nous ont attaqués. Heureusement pour une fois nous avions la moustiquaire! Bref des nuits fraîches et humides mais de beaux paysages sauvages au RV !!

Et voilà nous arrivons à la dernière étape… les 4000 îles à seulement 140 km de Paksé soit juste en amont de la frontière cambodgienne. Ici le Mékong s’élargit et de nombreux îlots apparaissent. Nous choisissons d’aller sur l’île de Don Khône, reliée à sa voisine Don Det par un pont. A l’époque du protectorat français, et afin de contourner les rapides et chutes d’eau du Mekong, une ligne de chemin de fer de 14 km fut construite entre ces îles en 1920 et servit durant 25 ans. On retrouve toujours ici et là quelques vestiges de cette époque (locomotive, poste de douane, des quais de marchandises, quelques villas). Aujourd’hui les gens viennent ici pour se reposer, se ressourcer… Certains en profitent aussi pour aller voir les dauphins d’eau douce aux alentours mais on passera notre tour autant pour une question de budget que par principe… On aime pas trop l’idée que des pirogues poursuivent des dauphins quotidiennement même si c’est vrai que c’est en partie grâce à l’argent que les touristes donnent que ces animaux survivent…

Donc voilà, farniente et balades en vélo au programme !

Nous partons demain pour 1 mois au Cambodge. Prochain article vers le 1er décembre !! Khop tchaï laï laï ;-)