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Cambodge… Un peu d’histoire

 

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Carte postale du Cambodge actuel :

D’une superficie équivalente au tiers du territoire français, le Cambodge rassemble près de 15 millions d’habitants. On y trouve essentiellement des khmers (90%) qui disposent de leur propre langue, ainsi que des chinois et vietnamiens. Comparé au Laos, ici il nous est plus facile de communiquer puisque les gens parlent généralement l’anglais de base et même quelques mots de français.

La religion officielle est le bouddhisme depuis le XIIème siècle même si les gens gardent un côté animiste et superstitieux.

Le pays dispose de quelques chaînes montagneuses peu élevées, de jungles primitives (même si la déforestation bat son plein dans l’indifférence générale), de vastes plaines agricoles, de 250 km de côte dans le sud, du plus grand lac d’Asie du sud-est (le Tonlé Sap qui quadruple sa superficie en saison des pluies quand le mékong fait le plein selon le principe des vases communicants)…

Pays très corrompu, les richesses sont inégalement réparties et la majorité vit avec très peu. Plus de 30% de la population vit sous le seuil de pauvreté et le pays occupe le 139ème rang mondial pour une espérance de vie moyenne de 62 ans. L’agriculture est au cœur de la vie de 70% de la population. Bien sûr on cultive du riz, mais aussi maïs, manioc, poivre, canne à sucre, palmiers à huile, hévéa, et pas mal de fruits et légumes divers. L’industrie est essentiellement axée sur le textile et la confection de chaussures, bien que de nouveaux secteurs, tels que l’extraction de minéraux précieux et gisements pétroliers offshore, se développent. Le tourisme, majoritairement asiatique, s’accroît rapidement.

Saigné par le génocide khmer rouge, qui entre 1975 et 1979 a tué entre 2 et 3 millions de personnes, le Cambodge a aujourd’hui une population très jeune avec 30% de moins de 14 ans. Le travail des enfants est très répandu et tous ne vont pas à l’école. Du fait d’un durcissement des lois internationales sur la protection de l’enfance en Thaïlande, une partie de la prostitution infantile s’est délocalisée au Cambodge, souvent avec le consentement des parents eux-mêmes face à cette manne d’argent facile et rapide…

La prostitution des femmes dans certaines villes nous rappelle des endroits visités en Asie comme Angeles et Manille aux Philippines, ou encore Pattaya en Thaïlande. Il faut dire qu’au début des années 90, les Casques bleus de l’ONU et de nombreuses ONG ont dépensé énormément d’argent dans la prostitution ce qui a clairement contribué à l’essor de cette activité et du VIH dans le pays…

Le régime politique actuel est une monarchie constitutionnelle à tendance autoritaire avec pour roi Norodom Sihamoni (depuis 2005 – fils de Sihanouk) et pour premier ministre Hun Sen. En réalité c’est Hun Sen, ancien khmer rouge, qui contrôle le pays depuis 1993. La corruption est très présente à toutes les échelles, la liberté d’expression très contrôlée (médias censurés, grands projets d’expropriations forcées au profit de projets hydroélectriques ou de proches du régime au pouvoir), et il n’existe pas de réelle opposition politique. Pour la communauté internationale, peu importe les failles du système actuel tant que le pays reste stable. En effet, après des décennies de guerre, la paix a été promulguée avec les accords de Paris en 1991 qui ont été suivis des premières « élections » législatives en 1993. Les derniers combats armés avec les khmers rouges ont cependant duré jusqu’en 1998, date de la mort de Pol Pot. Depuis il est à noter que dans de nombreux domaines la situation s’est améliorée grâce aux millions injectés par l’aide internationale en particulier concernant la législation, le réseau routier, le déminage, la politique étrangère… En 2012, la croissance du pays était estimée à 6,5%. Situation fragile bien qu’encourageante.

La fête nationale est le 7 janvier et commémore la chute du régime de Pol Pot suite à l’intervention de l’armée vietnamienne en 1979.

Voilà pour la vue d’ensemble du Cambodge actuel. Je vais maintenant essayer de résumer au mieux les grands épisodes qui composent l’histoire du pays…

empire khmer

L’Empire Khmer et la période angkorienne :

La civilisation angkorienne a pris son essor au IXème siècle sous le règne de Jayavarman II qui fonda sa capitale près de Ruluos. Puis rapidement la ville devenant trop petite et aussi pour des raisons géostratégiques, la capitale fut transférée à Angkor sous le règne de Jayavarnam VII. Nous sommes au XII-XIIIème siècle et le royaume khmer est alors à son apogée. L’exploitation du bois exotique, les nombreuses pierres précieuses, les grosses récoltes de riz facilitées par un système hydraulique performant, et les énormes quantités de poissons expliquent en grande partie ce qui a permis la prospérité de cette civilisation. L’empire couvre le Cambodge actuel mais aussi le Laos, la Thaïlande et une partie du sud du Vietnam. L’hindouisme a été remplacé progressivement par le bouddhisme qui devient la religion officielle à la fin du XIIème. Au XIVème, des conflits internes fragilisent le royaume. Les siamois (royaume de Siam = Thaïlande) en profitent pour assiéger Angkor, la pillent et réduisent en esclavage ses 100 000 habitants. 6 ans plus tard, le prince khmer Soriotei parvint à chasser les siamois mais quelque chose s’est cassé, et la civilisation khmère entame son déclin alors que le royaume d’Ayutthaya en Thaïlande se développe rapidement. C’est aussi à cette période que le sanskrit (dû aux influences indiennes et malaisiennes dès le VIème siècle) sera remplacé par le khmer dans les écrits.

Du XIVème au XIXème siècle, du fait de conflits politiques internes récurrents, le pays connaîtra une succession d’invasions, tantôt par les siamois, tantôt par les vietnamiens. Finalement, les vietnamiens et les siamois finissent par s’entendre et se partagent le Cambodge en mettant à sa tête un roi à la fois choisi par Bangkok et par Hué.

En 1859, les français débarquent au Vietnam pour venger le massacre des missionnaires ordonné par Hué. Le Cambodge en profite pour demander un protectorat qui sera instauré en 1863. Même si tout n’est pas parfait, la France met en déroute des milices armées dans le pays, et permet au Cambodge de reprendre aux siamois les provinces de l’ouest à savoir Battambang et Angkor. En même temps, Phnom Penh devient la capitale du pays. Puis, en 1884 la France décide d’accélérer les choses et fait un véritable coup de force pour contrôler le pays. Entre temps, les siamois récupèrent une fois de plus les régions de l’ouest… qui seront à nouveau rendues en 1907. C’est d’ailleurs en 1907 que les travaux de reconnaissance et de restauration de la grande cité d’Angkor se mettront en place grâce à la France. Pour plus de détails sur Angkor se reporter au prochain article…

Durant la première moitié du XXème siècle, la France colonise, fait des routes, lance des plantations d’hévéas, des hôpitaux, des écoles publiques, et crée même une ligne de chemin de fer qui aujourd’hui par manque d’entretien ne fonctionne plus (à l’exception de certaines parcelles qui servent pour les fameux bambou trains).

Les prémices de la 3ème guerre d’Indochine… L’escalade de la violence :

Arrive la seconde guerre mondiale. Les français affaiblis et occupés ailleurs, les siamois récupèrent une fois de plus Battambang et Angkor. Une fois la guerre finie, la France envoie le général Leclerc et le Cambodge récupère ses provinces perdues. Le jeune roi en place depuis 1941, Sihanouk, déclare officiellement son désir d’indépendance et comme la France doit s’occuper du Vietnam et qu’elle sort à peine de la seconde guerre mondiale, elle opte pour une autonomie accrue qui sera peu à peu élargie jusqu’à une complète indépendance en 1953 après 90 ans de protectorat français.

Les cambodgiens approuvant la politique de neutralité de Sihanouk face au conflit vietnamien, les américains (avec l’aide de la Thaïlande et du sud Vietnam) ont la « bonne » idée d’armer les rebelles cambodgiens pour déstabiliser le pays et produire un coup d’Etat. La guérilla sape toutes les tentatives du gouvernement de Sihanouk de rétablir une paix durable. Cela conduit ce dernier à se rapprocher de la Chine et du Vietnam du Nord. Dans le même temps, le Cambodge ferme les yeux sur la « piste Ho Chi Minh » passant par l’Est du Cambodge, et permettant de ravitailler en hommes, armes et munitions les rebelles vietnamiens communistes au détriment des forces armées américaines prônant le capitalisme. En 1966, les élections mettent en place le général Lon Nol comme 1er ministre ce qui arrange bien les américains. Aussitôt un contre-gouvernement clandestin est formé par Sihanouk, les premiers khmers rouges apparaissent, et le pays tombe dans l’anarchie. Les premiers champs de mines antipersonnel voient le jour avec leurs lots d’amputations. Les américains en profitent pour opérer des opérations de nettoyage au napalm le long de la frontière Est dès 1969, et mettre hors jeu Sihanouk qui représente le leader de l’opposition. On estime qu’en 14 mois, et avec l’accord de Nixon, pas moins de 3600 raids aériens et des tonnes de bombes furent lâchées. Les rebelles pro-Sihanouk sont massacrés, ainsi que de nombreux villages, et les survivants viennent grossir les rangs des khmers rouges dans le maquis par haine ou par vengeance. En 1970, la population de Phnom Penh passe de 600 000 à plus de 2 millions d’habitants en quelques mois.

A partir de 1970, le Cambodge rentre de plein pied dans une guerre qui va se prolonger durant plus de 20 ans. Comment un si petit et pauvre pays peut-il résister aux Etats-Unis (via la Thaïlande et le Vietnam du sud), au géant soviétique (qui soutient le Vietminh) et aux chinois (qui arment les khmers rouges) ? La 3ème guerre d’Indochine est née.

Lon Nol déclare la loi martiale, prend les plein pouvoirs et s’entoure de militaires archicorrompus. Entre les guérillas et les frappes américaines à l’Est du pays, plus de 800 000 personnes mourront.

Le gouvernement de Lon Nol, soutenu par les Etats-Unis, était faible et corrompu. Aussi en moins de 5 ans, les khmers rouges, avec à leur tête Sihanouk, n’auront aucun problème à reprendre le pays en main. La prise de la capitale par les khmers rouges se fera le 17 avril 1975.

Les khmers rouges au pouvoir… Histoire d’un génocide contre son propre pays :

Prise de Phnom Penh par les khmers rouges le 17 avril 1975 faute de combattants pour les repousser. L’Angkar devient le parti politique officiel et tout puissant. La population imagine alors durant quelques heures que le pire est passé et que le pays est enfin libéré de Lon Nol et de sa clique… Les acclamations ne dureront pas. En moins de 48h, sous prétexte d’un bombardement américain imminent, les principales villes du pays sont vidées de tous leurs habitants. Exode rural sans précédent, on rapporte des milliers de témoignages de gens contraints de fuir les villes à pied avec seulement ce qu’ils peuvent emporter sur eux. Même les malades hospitalisés sont jetés dehors et tentent d’avancer en chaises roulantes jusqu’à l’épuisement complet. Avril et mai sont les 2 mois les plus chauds de l’année et la température oscille entre 40 et 50°C. Un exode brutal qui coûtera la vie à environ 400 000 personnes, dont beaucoup d’enfants et de vieillards.

Pendant ce temps, les villes sont méthodiquement détruites par les forces armées. Tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec les valeurs capitalistes est anéanti. L’Angkar interdit les marchés, les écoles, l’argent, les montres et horloges, les magnétophones, la télévision, les voitures… Les seules machines autorisées sont les camions militaires. Toute forme de religion aussi devient illégale, les pagodes sont détruites tandis que les moines bouddhistes ont le choix entre travailler dans les champs (ce que la religion interdit) ou mourir. Seuls les temples d’Angkor restent relativement préservés même si la plupart des Bouddhas sont décapités.

On pourrait se demander qui sont les khmers rouges et qui se cache derrière l’Angkar… En fait il s’agit initialement de 4 cambodgiens partis faire leurs études à la Sorbonne à Paris dans les années 50 et qui y ont entretenu un esprit anticolonialiste tout en fréquentant les mêmes cercles marxistes  : Khieu Samphân, Leng Sary, Son Sen, et Saloth Sâr (alias Pol Pot). De retour au pays, ils rejoignent le maquis et constituent leur armée avec des paysans et des adolescents faciles à endoctriner. Les slogans nationalistes et racistes leur permettent de convertir une population déjà hostile à la présence étrangère avec les bombardements américains incessants dans l’Est du pays… A la chute du gouvernement de Lon Nol en 1975, ces 4 hommes concentrent à eux seuls tout le pouvoir… Enfin, il ne faut pas oublier non plus Sihanouk qui a constitué un bel outil de propagande communiste de par sa notoriété dans le pays. Ceci dit, il a eu la présence d’esprit de se rendre relativement vite compte de son erreur à vouloir à tout prix récupérer son pouvoir politique perdu depuis 1970. Il décide alors de démissionner en 1976 et restera prisonnier des khmers rouges. Pol Pot, alors chef de l’armée, profite de la démission de Sihanouk et devient 1er ministre en avril 1976. Ses idoles sont Marx, Staline… et Hitler.

Pour faire simple, dans l’idéologie communiste des khmers rouges, tous les intellectuels, fonctionnaires, artistes, professeurs, docteurs, porteurs de lunettes ou de cheveux longs, étrangers, etc. sont soit assassinés soit déportés dans des villages pour leur apprendre le travail de la terre et l’amour de leur pays dans des conditions inhumaines. L’Angkar parle d’éducation ce que d’autres nommeraient esclavagisme. Dans le Kampuchéa démocratique (nouveau nom du Cambodge), la population est classée en 3 catégories : le nouveau peuple (les anciens citadins, intellectuels ou d’origine étrangère qu’il faut éduquer), le peuple de la base (essentiellement constitué des habitants illettrés et incultes qui n’ont jamais quitté leur village donc considérés comme purs), et les combattants khmers rouges aux ordres de Pol Pot. Ainsi en pratique, le peuple se retrouve à travailler la terre 10 à 12h par jour, à la main (les bœufs ayant été tués), et à avoir des rations alimentaires ridicules au point que des centaines de milliers sont morts de faim et de fatigue… Tout signe de rébellion ou de vol était puni de mort. Les dénonciations de traîtrises étaient fréquentes pour espérer une ration de riz supplémentaire. L’Angkar estimait qu’il valait mieux tuer un innocent que de garder en vie un ennemi. Les rares privilégiés (plus de rations alimentaires par exemple) étaient les soldats révolutionnaires et dans une moindre mesure le peuple de la base (les anciens paysans). Les familles étaient souvent séparées arbitrairement et brutalement. Les enfants appartenant à l’Angkar, on leur enseignait les danses et chants révolutionnaires le soir une fois les travaux dans les champs terminés. Le mariage lui-même n’échappe pas à la révolution. Les époux sont choisis au hasard, ne se connaissent pas forcément, et plus de 600 personnes pouvaient être unies en une seule fois autour d’une même cérémonie et d’une grande soupe de riz. Au total on estime à 250 000 personnes mariées de force par l’Angkar. Plus personne (sauf les grands chefs bien sûr) ne disposait de la moindre richesse ni même de vêtements autre que les vêtements noirs conventionnels. Les tortures étaient de rigueur aussi et de gigantesques fosses funéraires communes ont été creusées aux 4 coins du pays comme celles situées à Cheung Ek (à 15 km de Phnom Penh) où près de 20 000 individus furent jetés. Par souci d’économie de munitions, la plupart des « ennemis » était tué avec les crosses de fusil ou des machettes, et les bébés jetés contre les troncs d’arbres ou des rochers. Des camps de redressement, comparables aux camps nazis, se mettent aussi en place comme le tristement célèbre S-21 (ancien lycée français) à Phnom Penh où près de 15 000 personnes furent torturées et emprisonnées avant d’être envoyées vers Cheung Ek…

On pourrait se demander comment est-ce possible qu’un peuple entier travaillant dans les champs n’arrive pas à se nourrir convenablement… la réponse est que les khmers rouges achetant les armes et munitions à la Chine, celle-ci demandait en retour une compensation conséquente sous forme de nourriture. Imaginez l’horreur de vivre avec rien d’autre qu’une natte sur le sol et un jeu de vêtement noir, de se faire brutaliser ou déporter pour un oui ou un non, de ne pouvoir faire confiance en personne, de perdre les membres de sa famille les uns après les autres, et de mourir de faim alors qu’on passe ses journées devant des hectares de riz ou de maïs…

Vers la fin du génocide… L’heure du bilan et de la reconstruction du pays :

Pol Pot et ses hommes rêvent de reconstituer l’Empire angkorien qui s’étendait à son apogée sur une partie du Vietnam. Aussi des attentats aux frontières vietnamiennes par les khmers rouges, et le fait que les chinois contrôlent indirectement le Cambodge, vont entraîner une riposte armée du Vietnam. Début 1979, l’armée vietnamienne envahit le Cambodge et chasse rapidement les khmers rouges qui se réfugient près de la frontière thaïlandaise à l’ouest. Les vietnamiens jouent la carte de l’apaisement et installent au pouvoir des cambodgiens (dont Hun Sen, un khmer rouge repenti). Ils occuperont le Cambodge sans chercher à l’envahir durant 11 ans.

Le bilan en 1979 est de 2 à 3 millions de morts soit 30% de la population totale !! 70% des intellectuels, enseignants et techniciens ont été exécutés sous Pol Pot. Les rebelles khmers rouges, outre quelques massacres de villages ponctuels (« après tout si les paysans se laissent diriger par des vietnamiens c’est que ce sont des traites »), ne trouveront rien de mieux à faire que de balancer des mines antipersonnel un peu partout dans l’ouest et dans le nord du pays, et ainsi empêcher les paysans de travailler et qui sait de déstabiliser le pouvoir mis en place sous la tutelle des vietnamiens… S’en suivront de nombreuses mutilations et périodes de famine pour rien. On estime à environ 10 à 12 millions le nombre de mines (de fabrication chinoise) lâchées par les khmers rouges mais aussi par le gouvernement en riposte contre les guérillas… ce qui fait du Cambodge le pays le plus miné au monde ! On trouve encore aujourd’hui des handicapés partout avec une grande proportion d’amputés et d’aveugles…

Différents mouvements nationalistes verront le jour (dont un dirigé par Sihanouk) pour lutter contre « l’invasion » vietnamienne, ennemis héréditaires. Le 23 octobre 1991, les accords de Paris sont signés par les 4 factions cambodgiennes rivales mettant un terme à cette guerre absurde, et permettant à de nombreuses ONG et aux Casques bleus de s’installer dans le pays (pour le plus grand bonheur des prostituées et des commerçants chinois). Les réfugiés cambodgiens survivants, dont la plupart avaient fui au sud du Vietnam ou en Thaïlande via des boat-people, peuvent enfin revenir dans leur pays complètement ruiné. Les anciens leaders khmers rouges restent libres et impunis. Et accessoirement les temples d’Angkor sont enfin déclarés Patrimoine mondial de l’humanité. Les premières élections législatives se feront en 1993. Sihanouk redevient roi et met son fils le prince Ranariddh comme 1er ministre et Hun Sen comme second 1er ministre, ce qui créera des guérillas internes jusqu’à ce que Hun Sen prenne le pouvoir en 1998 de force (même si officiellement il a obtenu les pouvoirs via des élections législatives). Les khmers rouges ont fini par rendre définitivement les armes en 1998 après l’arrestation de Pol Pot condamné à perpétuité (qui mourra mystérieusement 1 an après sa capture avant d’être incinéré rapidement).

Le gouvernement en place depuis 1993, avec le dictateur-1er ministre Hun Sen à sa tête, a finalement décidé face à la pression internationale (sous-entendu pour continuer à recevoir des subventions de l’ONU) d’entamer le procès de 5 leaders khmers rouges toujours vivants… procès entamés en 2009 soit 30 ans après la chute du régime !!

Enfin, je tiens à souligner que nous avons aussi notre part de responsabilité. En effet, déjà dans les années 60 les américains ont permis à des gouvernements dangereux de prendre le pouvoir en bombardant le pays et en sponsorisant les guérillas (pour la simple raison que le gouvernement de Sihanouk ne voulait pas prendre position avec le conflit vietnamien).

Puis, nous avons vu c’est la politique expansionniste de l’Angkar qui signera sa perte et non un sursaut de compassion des grandes puissances pour ces millions de personnes réduits à l’esclavage…

Enfin, dans les années 90, la communauté internationale a préféré fermer les yeux et laisser un gouvernement avec à sa tête un khmer rouge repenti (et les pots de vin et corruptions qui vont avec) plutôt que d’accepter le gouvernement pro-vietnamien… Pourquoi ? Pour des raisons de stabilité géopolitique… Celui qui contrôle l’armée mérite considération ! Un peu comme l’autre taré en Corée du Nord qui succède dignement à son père… L’histoire est-elle condamnée à se répéter sans cesse ? Ne peut-on pas tirer des leçons durables des catastrophes passées et faire en sorte que les droits de l’Homme soient mieux respectés dans le Monde ?